jeudi 4 janvier 2007

La FIV active

Y’a pas que les enfants dans la vie. Ben non, y’a le boulot aussi.
Mais on en parle moins sur les blogs de la PMA. Peut-être parce que dans les 10 commandements implicites de la vie en entreprise, entre «tu ne coucheras pas avec tes collègues» et «le patron a toujours raison », il y a un truc du genre «jamais tu n’avoueras que tu veux des enfants» ou « toujours tu sépareras ta vie de famille de ta vie professionnelle».
Heureusement, ce sont des principes que je n’ai jamais vraiment suivi.
La preuve, j’ai épousé un « collègue » de bureau. Et depuis que je travaille, je n’ai pas seulement construit dans diverses entreprises une vie professionnelle heureuse, je m'y suis fait aussi beaucoup d'amis, un mari et quelques ex. Parce que j’aime bien ce que je fais, j’ai toujours été encline à tout mélanger.
Je dis « heureusement » parce que s’il y a une chose que je n’aurais quand même pas imaginé faire au boulot c’est bien un enfant. Quand on a parlé d’infertilité et de PMA… Là, j’ai compris que j’allais encore devoir enfreindre le code du salarié-qui-a-une-vie-privée-merde-à-la-fin. Tenter une fécondation in vitro et toute la préparation que ça induit sans en parler, c’était juste inenvisageable. Impossible de partir tous les soirs à 18h30 en catimini. Impossible de prendre 2h30 de pause pour une écho, en plein rush, sans se justifier. Et ça, plusieurs semaines de suite.
C’est comme ça que je me suis retrouvée un soir à raconter à mon boss que je voulais un enfant. Et que ça allait être long et compliqué. J’ai beau savoir qu’il est ouvert d’esprit et plutôt content de m’avoir embauché, et ben j’en menais pas large. J’étais déprimée par le fait de ne pas être enceinte et en plus, je devais annoncer officiellement mon intention de pouponner. Avouez qu’il y a mieux à dire pour se faire valoir au sein d’une entreprise. Mais voilà, je n’avais pas vraiment le choix. C’était le seul moyen de continuer à mener ma vie professionnelle ET privée. Ma vie normale en fait.
Maintenant, je stresse moins à l’idée de sortir mes aiguilles tous les soirs dans le seul bureau fermé de l’agence (fermé mais vitré!). Pourtant au début, ce n’était pas vraiment évident de faire ça un peu devant tout le monde. De se résigner à ce que quelqu’un puisse me surprendre. Et d’expliquer au besoin.
Ça reste relativement simple parce que je travaille dans un environnement privilégié et dans une boîte qui respecte somme toute les impératifs de chacun. C’est facile parce que j’apprécie la grande majorité des personnes qui m’entourent. Et que j’ai plutôt confiance en elles. Mais c’est gênant parce que ce n’est pas un sujet qu’on aborde habituellement dans le cadre de l’entreprise. Et je suis certaine qu’il y a des environnements moins propices, des managers moins compréhensifs, des fonctions plus exigeantes, des femmes plus réservées ou plus seules dans leur boulot.

Le regard des autres, surtout dans un cadre professionnel, a toujours beaucoup compté pour moi. Faire bien, être meilleure, réussir, relever le défi, progresser, y arriver… sont sûrement des termes que vous jugerez « carriéristes » ou juste stupides mais ils expriment ma manière d’être dans le travail. L’envie de faire mieux et d’être là où ça se passe me motive. Avec la FIV j’ai l’impression que je ne peux être que moins bien, moins présente, moins efficace… Pour l’instant ça va. Mais après ? C'est difficile d'accepter cette baisse inévitable de dynamisme et d'enthousiasme pendant le traitement. Et c'est difficile de savoir que les gens avec qui vous bossez vont peut-être s'en apercevoir ou faire un lien entre votre FIV et vos résultats professionnels.

Les mères me diront qu’avec un enfant ce sera pire. Oui, mais ce sera avec un enfant. Et comme elles disent aussi que « c’est la plus belle chose au monde» et ben allons-y. Mais si j’ai deux enfants, comme ça peut arriver avec la FIV, est-ce que je vais continuer à travailler ?

Les traitements de PMA ne sont pas simples à gérer en travaillant. Pourtant, ce sont souvent des femmes actives qui les suivent. Je me demande souvent comment elles font…elles.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Emilie, Je découvre ton blog grâce à ton commentaire (pas du tout hors sujet) chez activewoman. Bon j'en ai profité pour tout lire, (quel titre génial), et...je continuerai à lire tes aventures. Bon courage pour tout, sincèrement.

EmilieR a dit…

Welcome Lidell !

moi aussi j'ai déjà lu ton blog (mais pas en entier c'est vrai) dont j'apprécie la plume. Heureuse donc de te compter parmi mes lectrices. Merci de tes encouragements. De la part d'une jeune maman, ça me touche !

Anonyme a dit…

heuh je ne suis pas jeune maman ;) disons que même si je ne suis pas dans le même cas que toi, on traverse quelques bonnes galères de ce côté là aussi, donc ton témoignage me touche d'autant plus!

EmilieR a dit…
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