lundi 16 avril 2007

Guérie (et aguerrie)

Un mois et demi après, je n’ai pas grand-chose de plus à écrire si ce n’est que j’ai soufflé mes 30 bougies quelques jours après la dernière opération (si joliment appelée « curetage ») et que j’ai laissé tomber l’idée d’une grosse fête. Que je n’en mène pas toujours large et que c’est vraiment par conscience « blogesque » que je reviens commenter ces pages enfin tournées. Que je n’ai pas l’âge de tirer de grandes conclusions sur la vie mais que, dans un sens, cette FIV m’a guérie…

Guérie (on approche de la rémission complète) de l’impatience qui consiste à vouloir tout, tout de suite et à tout prix.

Guérie de la crédulité qui pousse à croire le premier médecin venu qui vous affirme “je peux le faire”. Car même s’il est difficile de rester critique quand on vous agite un bébé sous le nez, au final, et surtout si ça se passe mal, il n’y aura que vous pour prendre soin de vous. Alors, malgré les déceptions, soyez vigilantes… (Pour celles qui veulent lire la FIV autrement: un bébé mais pas à tout prix, de Brigitte Fanny-Cohen.)

Guérie (un peu) de l’arrogance dont la petite voix me soufflait bêtement : toi, tu réussiras. Sauf que ça ne marche pas comme ça. Vieille, jeune, équilibrée, anorexique, stérile, en bonne santé, active ou dépressive… Peu importe. On suit toutes le même traitement. Le profil de chacune indiffère et, indifféremment, c’est la chance qui tranche. Petite leçon de vie donc… et d’humilité.

Guérie aussi (pas complètement) des femmes enceintes. Plus de regret, moins d’amertume. C’est leur vie après tout, pas la mienne. Inutile de se projeter.

Enfin, je suis guérie de raconter ma vie. C’est donc la fin d’un blog qui m’a apporté un grand soutien et dont j’ai été fière qu’il parle à quelques-unes d’entre vous.
S’il reste en ligne, c’est avant tout pour celles qui se lancent dans cette aventure afin de concevoir un enfant dont on leur a affirmé (souvent froidement) qu’il ne viendrait pas tout seul. Personnellement, durant ces presque 5 mois de traitements et de complications, je me suis gavée de témoignages et ils ont largement palié au manque d’informations délivrées par les médecins. Je souhaite que le mien vous apporte aussi quelques réponses.
Au départ, fivtuck servait à raconter ce que nous vivions auprès des amis ou de la famille ou de l’entourage en général, souvent pour justifier de nos absences et de notre fatigue. Parfois à tort. Raconter cette histoire pourtant banale, c’était s’exposer bêtement aux remarques, aux clichés, aux avis pas toujours éclairés. J'ai compris un peu tard que ce petit rêve de la vie et de l’avenir méritait plus que les autres d’être protégé. Et qu’il valait mieux garder notre énergie pour imaginer une vie qui en vaille la peine… même si. J’ai découvert aussi, avec bonheur, qu’il existe sur internet et ailleurs, une vraie solidarité autour des sujets qui nous touchent. C’est vers ces communautés qu’il faut se tourner, je crois, pour trouver réconfort et conseils. Même si, là aussi, les avis divergent et ne doivent pas influencer. Mais la réflexion des gens qu’on y croise est nourrie d’expérience qui font avancer la nôtre… en toute discrétion.

Bonne chance.

Pour lire l’histoire depuis le début, c’est ici

vendredi 23 février 2007

un ange passe

A l’écho il aurait dû mesurer 9 millimètres et on aurait du entendre un cœur battre.
Mais l’œuf était trop petit et la machine est restée silencieuse.
Alors on a essayé avec une machine plus grosse.
On a vu que l’œuf était vide… et la machine toujours silencieuse.
Un instant je me suis demandé si mon cœur aussi allait s’arrêter de battre.
Le médecin était gentil, vraiment gentil.
Il nous a expliqué comment on déclencherait la fausse couche demain, à la maison.
Et que si ça ne marchait pas, on opérerait à l’hôpital, sous anesthésie. Mercredi.

Moi aussi je me demande ce que je fous là à vous raconter ça sur Internet. Mais c’est juste que ce dialogue avec vous et surtout avec moi m’a toujours aidé à garder les idées claires.
Et à ce moment précis, plus qu’à aucun autre, il nous faut garder la tête froide. Dire notre déception et bientôt, passer à autre chose.

Le plus dur, c’est de voir la tristesse de l’autre. Egale à la sienne. Et de se sentir impuissant à la soulager. Le plus dur, à tort ou à raison, c’est de se sentir coupable. C’est de penser que j’étais trop stressée, que peut-être je n’y ai pas assez cru, que j’ai mal réagi… Même si ce sont des choses qui arrivent, souvent, et sans raison. Dans l'infertilité, on se retrouve souvent seule avec soi-même.

Je sais que d’autres partageront notre peine comme ils ont partagé nos épreuves. La famille, les amis… Mais d’une certaine manière, la chance nous a souri. De loin. Et pendant quelques semaines, nous avons ressenti ce que nous ne pensions jamais ressentir. Et il y avait vraiment un espoir, une ombre… Alors, on ne repart pas complètement de rien.

C’est mieux que rien. C’est mieux que de se dire que ce n’est jamais arrivé.

Quelqu’un a dit sur ce blog que la vie avait du bonheur en réserve même s’il n’était pas toujours là où on l’attendait. Aujourd’hui, ce sont ses mots qui tournent dans ma tête. J’espère qu’ils y resteront même si je sais, même si je sens que ça va être difficile de se lever demain et d’enterrer cet espoir là… Puis, de laisser faire le temps.

jeudi 22 février 2007

le sens de l'humour

Hier un copain me complimentait sur mon blog et… sur l’humour qu’il dégageait. D’ailleurs bien que non concerné par le sujet, il avait suivi l’aventure du début à la fin (vous me direz, ce qui arrive à vos copains, ça vous concerne toujours un peu, c’est vrai). Super flattée du compliment (le pote en question est une fine plume qui commence à être édité), je lui répond que justement, si je n’écris plus rien sur mon blog c’est bien parce que je l’ai complètement perdu… Ce putain de sens de l’humour.

Je ne sais pas s’il est coincé sous mon lit, que finalement je n’ai toujours pas quitté tant mon ventre me fait encore souffrir (l’accalmie fut de courte durée). Je ne sais pas si le chat, qui me nargue de ces 4 pattes valides, l’a bouffé. (L‘animal me tient parfois compagnie au lit mais c’est plus par amour de ma couette que par compassion pour sa maîtresse). Je ne sais pas si, comme les repas allégés en barquette de chez Picard, il me reste un peu en travers de la gorge. (A moins que ce ne soit l’abus de séries américaines débiles qui a eu raison de mon esprit so frenchy). Non, vraiment je ne sais pas mais je n’ai plus le sens de l’humour.

Alors, pour vous éviter amertume et angoisse, je préfère m’abstenir de vous raconter ma vie en ce moment. Que celles qui s’apprêtent à se lancer dans une FIV se rassurent, ça n’arrive pas tous les jours. Pour ma part, je comprends mieux pourquoi 30% des couples abandonnent après une première tentative. La PMA et moi, en ce moment, on est vraiment fachés. Je n’ai qu’une hantise : garder des séquelles de cette hyperstimulation hyper prononcée… ça me ferait vraiment mal de sortir stérile d’un traitement contre la stérilité.

Nota : le médecin vient d’appeler JJ pour lui dire que non, je ne vais pas sortir stérile de mon traitement contre la stérilité :-)))) J'ai rendez-vous avec lui (le médecin, pas jj) demain… à suivre donc.

jeudi 8 février 2007

Sois patiente…

C’est le leitmotiv de la FIV.
Et une qualité que je n’ai pas.
Quoique. Ca vient… Doucement.
Compter les heures dans 140 cm de large sur 80 de long, c’est un bon exercice :-)

8 jours que je suis au lit. Mon ventre est toujours aussi gros. On dirait que je suis enceinte de plusieurs mois. D’un autre côté, j’ai souvent peur, aussi, de ne plus l’être. Je ne sais pas toujours quelle heure il est, ni quel temps il fait… Tout ça n’a ni queue, ni tête. Drôle de début pour une grossesse. On s’attend à rester couchée à la fin, pas au début.

Quand le ras-le-bol me gagne, je me dit que la FIV est une sorte de miracle… mais que, tout de même, elle ne rend pas ce que la stérilité nous prend : la confiance en l'avenir, la foi, la joie de fêter et de profiter d’une grossesse pourtant tellement désirée.

Certains diront peut-être que je ne devrais pas me plaindre : j’ai ce que je voulais et du premier coup ! Mais je n’ai pas honte de dire que le parcours est dur et que le répit n’est pas toujours là où on l’attend. Les problèmes non plus, remarquez.

« Tu savais que ce serait difficile » est une parole qui revient souvent. Heu…Oui et alors ? Est-ce que je savais quand, comment et à quel point ? Non. Est-ce qu’un malade sait que sa maladie va être difficile ? Oui. Est-ce qu’il l’endure mieux parce qu’il sait que ça va être un calvaire ? Je ne pense pas. Qui peut se résigner à souffrir ? Qui peut se dire gentiment : « bon, ok, c’est tombé sur moi, pourquoi pas ». Les gens sont cons souvent. Et on est jamais assez bien préparé à leur bêtise.

Christine disait dans son blog qu’on a chacun notre méthode (cf « à chacun sa méthode ») pour combattre les difficultés. Elle évoquait sa combativité. Je crois que ma méthode à moi s’appelle colère. Parfois, la colère permet de dire merde à la poisse.

Bon rassurez-vous, je ne suis pas en colère. Et je souhaite que notre chance dure…

PS : un grand merci pour vos mots enthousiastes ! Promis, j’essaie de mettre en pratique vos conseils : me reposer… et en profiter. Courage les « pikousettes », tous les parcours sont différents mais les réussites sont nombreuses !

mardi 6 février 2007

FIV ICSI : dernier épisode ?

De retour à la maison (ou presque : j’attends sur mon lit d’hosto que ma mère vienne me chercher), me voilà également de retour dans la blogosphère. La raison de cette absence prolongée ? Une hyperstimulation persistante et des épanchements d’ascite dans l’abdomen qui ont nécessité hospitalisation puis… ponction. Honnêtement, ça fait mal. Pas la ponction, l’ascite. C’est l’inflammation des ovaires qui génère ce liquide. Il peut disparaître tout seul ou être ponctionné quand il comprime trop les organes. Car supporter des litres de cette eau jaune dans le ventre, c’est l’enfer. Dans les reins, le dos, l’estomac, les poumons et le bas-ventre, les douleurs sont aigues et empêchent de se lever ou de se tenir assis. Ajoutez à cela une perfusion dans le bras droit et vous voilà transformé en demi-légume nauséeu aux allures de bonhomme Michelin. Impossible d’écrire quoi que ce soit dans ces conditions.

Et c’est vendredi, alors que le moral était au plus bas, les douleurs au plus haut et le cœur au bord des lèvres, qu’on m’a annoncé le résultat du test de grossesse… L’infirmière est rentrée dans la chambre et m’a dit, « c’est bon, vous êtes enceinte ». Gros blanc. Impossible de faire monter les mots jusqu'au cerveau !

Depuis le matin, c’était le grand stress, ça allait de pire en pire et la perspective d’un résultat négatif rendait l’aventure encore plus sombre. J’ai tout de suite appelé JJ qui attendait au bout de son téléphone avant une importante présentation chez un client. Il était hyper ému…Moi en revanche, j’étais soulagée mais c’était pas vraiment la joie que je m’étais imaginée. Je me sentais tellement mal, j’en avais tellement marre et j’avais tellement peur que tout s’arrête que je ne voulais pas y croire. Je me disais que, bon, c’était bien mais que je ne devais pas me déconcentrer pour autant. Que ce n’était pas la fin du traitement. Que tout pouvait encore arriver. Pourtant, du médecin aux infirmières en passant par la famille, tout le monde affichait un enthousiasme sincère…

Ce n’est qu’après la ponction, quand j’ai eu moins mal et après le deuxième test d’hier, qui a révélé une évolution normale du taux d’hormone que j’ai commencé à y croire. Il faut se rendre à l’évidence : la FIV a marché. Je suis vraiment enceinte. Ce qui se passera ensuite ne sera pas forcément en lien avec le traitement. Une fois l’hyperstimulation stoppée (ce n’est pas encore complètement le cas), je serais enceinte comme une autre. Une chance folle d’en arriver là si vite. Un résultat inespéré… Je peux même répondre à ma propre question, postée sur ce blog, il y a moins de 3 semaines : « comment on se sent quand on est enceinte ? » Et ben… On se sent bizarre, contente, pas fière mais reconnaissante. Quoiqu’il arrive, nous avons touché au but de ce parcours de PMA. Il peut y avoir des complications mais c’est le cas dans d’autres grossesses aussi. Une fausse couche peut survenir mais nous saurons que c’est possible. L’angoisse reste tenace évidemment. Mais j’essaie de ne pas anticiper sur le pire.

Je dois encore rester couchée au moins toute la semaine pour que l’inflammation passe et que l’ascite disparaisse totalement (et surtout ne recommence pas à s’épancher). C’est assez compliqué et toujours un peu douloureux mais avec une nouvelle pareille, tout passe et le sourire est là.

Une semaine, ce ne sera pas de trop pour réaliser que, oui, ça a marché du premier coup. Et que peut-être, je serais enceinte pour mes 30 ans.

Grosse bises à tous ceux qui nous on tant soutenu. Et à bientôt sur ce blog pour de nouveaux épisodes… d’un autre genre que ceux des piqûres ! Je vais continuer encore un peu car tout n’est pas joué d’une part et que j’ai quelques commentaires encore à faire sur la FIV qui intéresseront peut-être celles qui s’y préparent.

lundi 29 janvier 2007

L'hyperstimulation

Vendredi déjà, je me sentais pas tellement bien en quittant le boulot : impossible de marcher vite, le ventre très lourd et grave envie de pleurer. Angoisse, me suis-je dit. Un dîner chez ma cousine plus tard et ça allait un peu mieux. Normal, 4 heures à papoter sur le canapé, je ne le savais pas encore mais c’était le bon remède. Le lendemain matin, mêmes symptômes après 10 heures de sommeil : ventre toujours plus volumineux, nausées, troubles digestifs, asthme et impossible de rester en station debout sous peine de sentir mon ventre se transformer en pierre. OK. Bon, je commence à regretter de ne pas avoir appelé le médecin hier car un samedi je n’obtiens pas grand-chose de l’infirmière de garde qui ne sait pas quoi me dire. Fin de journée, je ne me suis quasiment pas levée du canapé et ça tourne à l’hystérie… Là, JJ décide à juste titre de prendre les choses en main. Il appelle l’infirmière qui appelle le médecin qui le rappelle aussitôt. Ils se causent d’homme à homme (parce que moi, la honte, je suis cachée sous la couette) et conviennent d’un RDV à la clinique le dimanche matin. Ouf, ça va mieux. Dimanche, le verdict est formel : hyperstimulation ovarienne. Ben oui, remarquez, j’ai pile poil tous les symptômes.

L’hyperstimulation est la conséquence la plus grave de la stimulation ovarienne. (notez la transition qui tue, un poil dramatique, juste comme j’aime:)
Les ovaires, qui ont été beaucoup sollicités pour produire des ovocytes, s’emballent et grossissent. Ils fabriquent des kystes. Il peut y avoir, dans une hyperstimulation sévère, des épanchements de liquide dans l’abdomen et, plus rarement, des risques d’embolie suite à des troubles de la coagulation.
Cette complication peut survenir lors de la phase de stimulation (provoqué par les injections quotidiennes d’hormones), juste après la ponction (à cause de la dernière piqûre d’hormones HCG qui déclenche l’ovulation) ou quelques jours après la ponction suivie dun transfert. Dans ce cas, ça peut-être lié à un début de grossesse car la femme enceinte génère de nouveau une forte dose d’hormone HCG (celle qui donne envie de vomir le matin !). Dans mon cas, l’hyperstimulation est survenue quelques jours après le transfert donc, tous les espoirs sont permis. C’est toujours ça de pris dans cette galère : le moral est bon car cela ne signifie pas que notre tentative a échoué.

Le traitement est simple : il n’y en a pas. Il faut rester couché, ne pas trop boire, surveiller son poid (symptôme d’une hyperstimulation sévère) et prendre des antalgiques. Le médecin, qui n’a pas l’arrêt de travail facile, m’a prescrit une semaine de repos complet. Aujourd’hui lundi, je commence à comprendre qu’elle sera longue. Surtout vu les programmes TV du matin…

samedi 27 janvier 2007

Physiquement éprouvant ?

Quand on nous a annoncé que la FIV ICSI était pour nous le meilleur moyen d’avoir des enfants, ça ne m’est pas du tout apparu comme une solution. Ça ne m’a pas soulagé de savoir qu’il y avait une alternative médicale à la reproduction naturelle. J’ai paniqué.
Pour moi, ça ne pouvait être qu’un long et douloureux parcours couronné d’échec. Les filles qui en faisaient 3 ou 4 ne pouvaient être que des dépressives profondes, acharnée à sacrifier leur vie et leur santé. La FIV pour moi, c’était une dérive de la science moderne, un trip d’apprentis sorcier, un phénomène de mode… Et surtout, surtout, un cancer assuré dans 10 ans et la destruction garantit de mon appareil reproductif qui, après tout, était encore jeune et en relativement bonne santé. (Sans parler des doutes concernant la santé du bébé à venir cf. Le doute II)
Avec tant d’imagination et tant d’appréhension, comment me suis-je lancée dans ce parcours-là ? Je ne sais plus trop. Sûrement parce que ça paraissait tellement simple dans la bouche du médecin que je me sentais un peu lâche de ne pas tenter le coup. Après tout, je n’avais pas la preuve des effets secondaires redoutés. Les témoignages n’étaient pas rassurants : prise de poids, dépression, dérèglement hormonal, ventre enflé et douloureux, seins volumineux, fatigue, hyperstimulation, douleurs abdominales persistantes… Mais rien n’indiquait qu’ils étaient systématiques ou irrémédiables. Et je n’ai pas trouvé d’études indiquant qu’il y avait plus de cancer chez les femmes ayant suivi des FIV, ni que cela rendait plus difficile des grossesses naturelles ultérieures.
En y réfléchissant, Je sentais confusément que renoncer par peur ou par confort, ce serait difficile à assumer. D’autant plus qu’une telle décision ne pénalisait pas que moi. Elle nous forçait tous les 2 à abandonner notre projet de bébé.

Maintenant que le dénouement du premier transfert approche , j’en sais davantage sur l’investissement « physique » que représente un protocole de FIV.
La ponction des ovocytes est de loin l’acte le plus lourd. Parce qu’il se pratique sous anesthésie générale et parce qu’on le sent durant quelques jours. Mais bon. Je suis quand même allée chez le coiffeur en sortant de l’hosto (au bras de ma frangine, attention, faut pas le faire toute seule !). J’ai eu mal le soir, j’ai rien fait le lendemain et j’ai travaillé le surlendemain. L’anesthésie est très courte et l’opération très surveillée, comme il se doit. Il n’y a pas de sang. Pas de cicatrice non plus puisqu’on passe par les voies naturelles. Pas excessivement douloureux donc, quand on est bien opérée.
La stimulation n’est pas douloureuse à proprement parler. Les piqûres (sous le nombril) sont désagréables mais sans plus. Ça fait régulièrement de beaux bleus. Les prises de sang très tôt le matin réclament de ne pas veiller trop tard et de ralentir sur les sorties en semaines. Je n’ai pas senti de changement physique malgré les piqûres d’hormones. Ni d’humeur. Pas de bouffée de chaleur non plus comme j’ai pu le lire chez d’autres. Je n’ai pas eu de chance avec le kyste (cf Episode 5), car ce n’est pas fréquent.
Après le transfert (en ce moment donc) je ne sais pas si c’est l’angoisse des résultats, les suites de la ponction ou le traitement hyper dosé en progestérone (800 mg/jour d’Utrogestan) mais j’ai beaucoup plus d’effets secondaires. Fatigue pour commencer. J’ai vraiment du mal à suivre. Les maux de ventre sont quasi permanents et relativement supportables mais épuisants : j’ai l’impression qu’on y a coulé du béton. J’ai vraiment mal à la poitrine aussi. Des symptômes trop marqués pour que je puisse y voir un signe de grossesse (indécelable à ce stade de toute façon) et qui ont raison de ma volonté de penser à autre chose.
En conclusion : je me dis que cette première tentative s’est tout de même relativement bien passée sur le plan physique. Je suis contente d’avoir osé me rendre compte par moi-même que l’épreuve est supportable et que le jeu en vaut la chandelle. J’appréhendais beaucoup donc je suis plutôt rassurée. J’essaie de me consoler en me disant que si ça ne marche pas, au moins, j’aurai appris ça. Et peut-être que cela m’aidera à envisager un 2° round de PMA (comme dirait Christine :) Ce qui est vrai, c’est que c’est prenant. Pas beaucoup de place pour autre chose durant un mois et demi de traitement intensif, voire plus avec les TEC…

mercredi 24 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 10

Le transfert d'embryons et ce qui s’ensuit…

Le transfert (ou replacement), c’est encore une expérience bizarre même si la manipulation est extrêmement simple, sans anesthésie et réalisée en 1 minute à peine… C’est un peu émouvant et un peu glauque. Ça fait un peu mal mais on s’en fout. C’est le début d’une nouvelle étape, la nidation, mais aussi la dernière du protocole de FIV. On est content mais on hésite : avec 30% de réussite seulement à chaque transfert, on relativise beaucoup. On ne cherche pas vraiment à y croire.

Pourtant, j’arrive à rester relativement sereine. L’ICSI et l’infertilité m’ont appris une chose : au moment où tu te sens heureuse, profites-en pleinement. Parce que demain, selon les humeurs, les angoisses, les réflexions des uns ou des autres et les mauvaises nouvelles liées aux examens, le moral peut retomber très bas. Et rien ne l’empêchera de sombrer. Inutile d’anticiper sur les larmes.

Je me sens donc souvent heureuse depuis lundi. Car même si nos chances sont faibles, elles existent vraiment. Contrairement à toutes ces autres fois où on a essayé puis attendu seuls. Je n’ai plus de traitements ou presque (les pilules, après les piqûres ça ne compte plus !), plus de prise de sang et plus d’écho… En deux mot, notre emploi du temps est redevenu normal. Je sais que ça risque de merder mais encore une fois, ce sera bien assez dur de le savoir au moment voulu. En attendant, patience, patience, patience… 10 longs jours encore.

dimanche 21 janvier 2007

Episode 9 : ICSI réussie

Ponction, prélèvement, micro-injection (ICSI donc), fécondation, première division cellulaire… les épisodes se sont succédés lors des dernières 48H (dont une partie à l’hosto). A chaque étape l’angoisse des résultats… et à chaque fois, ouf, le soulagement de savoir que l’histoire continue. Ce matin (dimanche), le labo nous a appellé pour nous dire que la Fécondation In Vitro avec ICSI avait fonctionné sur plusieurs des ovocytes.

Il faudra du temps pour comprendre ce qui est arrivé ce w-e. Du temps aussi pour le raconter.

Aujourd’hui, impossible d'expliquer les choses précisément, de donner des chiffres et des résultats. Peut-être parce que ces deux derniers jours n’ont dépendu que de ça. Peut-être aussi parce que c’est quasiment d’embryons dont on parle maintenant. Et qu’ils sont en train d’exister, d’une manière étrange, à l’autre bout de Paris. Rien n’est joué, bien sûr, et demain, ils auront peut-être disparu. Mais là, tout de suite, ils existent vraiment. Ce n’est pas seulement des chiffres cette fois (le nombre d'embryons qui pourront être replaçés est encore inconnu), c'est déjà un début de quelque chose. Alors chut, pas un mot, et croisons les doigt pour que la magie dure. Car demain matin, ce sera la dernière étape du protocole. Décisive, cette fois encore. Après, ce qui va se passer restera invisible, imprévisible, incalculable. Fini les examens, les piqûres, le monitoring et même les médecins. On débranche les appareils, on fait silence… et on attend.

Il ne faut pas trop penser, ne pas se projeter, s’occuper.

Un soulagement tout de même : le sentiment d’avoir fait ce qu’il y avait à faire. D’avoir essayé. La suite ne nous appartient pas vraiment…

jeudi 18 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 8

injection d'ovitrelle ce soir pour ponction samedi

Ponction samedi matin mais le nombre d’ovocytes qui semblent matures n’est pas super encourageant.
En PMA, on prend toujours les chiffres en pleine gueule. A force, on devrait le savoir.
Je ne me suis pas préparée au fait qu’il pourrait ne pas y avoir d’embryon. Ni même au fait qu’il n’y aura peut-être qu’un seul transfert.

Baby blues

Plus la FIV approche, plus je sens grandir le sentiment de notre impuissance. Il y a un certain temps qu'on sait que pour faire un enfant, s’aimer beaucoup ne suffira pas. Mais quand je l’aime autant, j’ai du mal à croire qu’il ne sortira rien de nous. Et que la seule chose que je peux lui promettre, c’est d’aller au bout du traitement.

Et le traitement parlons-en. Pour nous, il ne consiste qu’à pondre. La première fois qu’on a vu que la stimulation fonctionnait, j’étais vraiment contente. Ce que je voyais à l’échographie, c’était 12 chances supplémentaires de faire un enfant. J’avais l’impression d’avoir réussi quelque chose. Je nous trouvais courageux et je me sentais forte. Maintenant, je sais que samedi, lors de la ponction, des médecins bien plus forts que nous vont tout prélever. Chez moi et puis chez lui. Et nous, on en aura fini. L’histoire va continuer ailleurs. Dans un labo, avec des techniciens (certes sympathiques et compétents Cf le briefing, mais bien loin de nous quand même). C’est vraiment entre les mains des médecins et des laborantins que tout va se jouer. Dans leurs petites boîtes, il y aura une vie où il n’y aura rien. Et nous n’y pourrons rien, une fois de plus. D’ailleurs, nous serons sûrement quelque part en salle d’attente. Pour changer.

Je sais bien qu’on ne contrôle pas plus la venue d’un enfant naturellement mais j’ai tendance à croire qu’on s’y sent pour quelque chose quand même. Ça doit être un peu magique de fabriquer un être vivant comme ça… De produire rien de moins qu’un enfant et rien qu’à 2. J’aimerais bien savoir ce que ça fait… Si on se sent plus grand. Si on se sent responsable. Ou fier. Ou si on a l’impression d’un cadeau que la vie vous fait.

Les gentils me diront que c’est notre volonté qui nous permet d’aller au bout e la FIV, que nous ne sommes pas inactifs, voire que nous avons du mérite et de la patience mais ce n’est pas pareil… et ça ne change rien à l’impression que tout se joue en dehors de nous. C’est le cas de toute façon. Samedi on va rentrer chez nous et regarder un film… Et puis voilà. Ailleurs, des gens s’activeront (j’espère) pour faire des enfants à des gens « comme nous ».

lundi 15 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 7

35 piqûres
25 jours de traitements
13 ovocytes
7 prises de sang
7 épisodes à suivre sur ce blog
4 échographies…

Lundi 15 janvier 2007 : Tout va bien à l’écho, le Puregon fonctionne bien mais j’ai un de ces coup de barre, moi… Dormir : je ne pense qu’à ça.

Prochain monitoring ce jeudi. Si les dosages hormonaux sont bons, si l’épaisseur de l’endomètre dépasse 7mm et si les ovocytes mesurent en majorité 18mm, on déclenche l’ovulation avec une injection d’Ovitrelle le soir-même, exactement 36 heures avant la ponction. Précis, n’est-ce pas ? Ce qui nous amène à une ponction samedi matin, sous anesthésie générale. Et à une Fécondation In Vitro avec ICSI dans les heures qui suivent.

Toujours pas (trop) d’effets secondaires si ce n’est une grosse fatigue, surtout le soir, après les injections.
Et aussi une furieuse envie de fumer et de boire. C’est grave docteur ?

vendredi 12 janvier 2007

Cigale et Bijou

Les mémoires de deux jeunes mariées (Balzac) version 2.0.
Ou une histoire de FIV comme on peut en lire beaucoup sur le net.

Visiblement, Cigale7 et Bijou4 ne se connaissaient pas. Elles se sont rencontrées sur un forum et se sont aperçues qu’elles suivaient un protocole d’ICSI en même temps. Leurs ponctions ont été faites à deux jours d’intervalle. Elles ont eu le même nombre d’embryons : 5 chacune. Bijou n’en a congelé aucun mais en a reçu 2 «beaux» (comprendre : à 4 cellules). Et Cigale, à qui on a transféré 2 embryons aussi, a pu en congeler 1. L’aventure est vécue au jour le jour : les deux amies s’encouragent et s’enthousiasment des premières piqûres jusqu’au replacement. Bonne nouvelle, Bijou, la première, est enceinte. Cigale est contente, résultat pour elle le lendemain. Et puis silence. Bijou insiste : «Bonjour Cigale, ça fait longtemps que j'ai pas eu de nouvelles de ta part. Comment tu vas ? Ecris-moi stp, j'arrête pas de penser à toi et à tes résultats». Finalement, Cigale répond. On s’en doute, les résultats sont négatifs. Elle part avec son mari pour quelques semaines car elle ne peut pas recommencer une stimulation tout de suite (et visiblement l’embryon congelé n’a rien donné). Le ton se veut gentil mais la déception est palpable. Fin d’une amitié. Quand on sait soi-même combien ça fait mal de rester sur le carreau quand d’autres concrétisent leur projet, on sait aussi que Cigale et Bijou ne sont pas allées plus loin. Le forum se poursuit, elles ont disparues, et de nouvelles prétendantes à la maternité les remplacent aussitôt.

La petite histoire me laisse pensive. D’abord parce qu’elle s’est écrite toute seule, presque en dépit de ses protagonistes et qu’elle tape juste… Ensuite bien sûr parce qu’elle renvoie au dénouement de mon propre traitement : Cigale ou Bijou ? Et peut-être aux amitiés qui peuvent se tisser ici. Cigale et Bijou ?

Je ne les ai pas inventé, vous pouvez les lire ici :
http://www.infobebes.com/htm/bebe/decapeptyl,d-22428.aspx

FIV ICSI : Episode 6

Jeudi 11 janvier : monitoring de la stimulation

Ovaires : bookés !
Le jeu de mot est facile, certes, mais la rédactrice est d’humeur joyeuse.

« Vous réagissez bien, les résultats sont bons » ont été les premiers mots du médecin jeudi, suite à la prise de sang du matin. Voilà. En deux secondes, la vie était belle et la FIV facile. On allait avoir des bébés demain et j’étais trop con de m'angoisser.
Passage obligé à l'échographie mais cette fois le Dr. me tend un
carnet et un stylo. Il a tracé 2 colonnes : ovaire gauche / ovaire droit. Je dois prendre des notes. Trop contente de participer, nous visualisons ensemble le résultat de la stimulation. Il mesure chaque follicule et je le recense : taille, localisation, comptage, recomptage, tout y est. «Ni trop, ni trop peu». Le résultat est correct et laisse entrevoir une ponction la semaine prochaine. En attendant, le dosage est bon, on continue le Decapeptyl et le Puregon comme avant. Prochain rendez-vous lundi. Au revoir et merci.

Dehors, je regarde enfin Jij qui me regarde, résolument heureux ! D'ici là, on va penser à autre chose, faire autre chose et d'abord, profiter de la journée qui s'annonce belle. D’ailleurs c'est bon d’être là tous les 2… et de partager 5 minutes de répit.

jeudi 11 janvier 2007

Briefing collectif

Mercredi 10 janvier 2007

Le laboratoire qui nous suit (dosages hormonaux, spermogrammes, traitements des ovocytes, fécondations in vitro, congélation de nos embryons et encore pleins d’autres petites choses très personnelles) organisait avant hier une réunion pour tous les couples en protocole de FIV.
Objectif de la conférence (ça tenait plutôt du cours d’amphi que de la réunion) : faire le tour des différentes techniques de PMA pour nous permettre de faire un choix si notre protocole venait à changer.
Exemple : dans certains cas (impossible à prévoir), on préfère réaliser un « hatching » pour faciliter l’éclosion des embryons. Il s’agit alors de déposer sur la membrane de l’ovocyte (J2 après la fécondation), une goutte d’acide pour la fragiliser. Cette membrane, appelée zone pellucide, se rompt ainsi plus facilement dans l’uterus, libérant le précieux fœtus dans son milieu naturel. C’est ce qu’on peut appeler joliment une « aide à l’éclosion embryonnaire ». Bien entendu, l’acide ou l’aiguille n’entrent jamais en contact avec le fœtus. Et la manipulation n’est pratiquée qu’en cas de réelle nécessité.
Autre exemple : dans les cas de FIV classique, certains couples peuvent être amené, le jour J, à réaliser une ICSI si le sperme vient à manquer (ben oui après tout, c’est du direct live la fécondation in vitro alors, si tout à coup monsieur panique, on fait quoi ?). Avec l’ICSI, un seul spermatozoïde vivant suffit à la fécondation.
Enfin, l’IMSI est la dernière méthode en date. Mais on en parle encore très peu dans les réunions d’information. Pourtant, il y avait au moins un couple concerné dans la salle. Je ne sais pas moi-même en quoi ça consiste.
Autre intérêt de la réunion : nous présenter les biologistes qui nous fabriquent à tous (une bonne cinquantaine de personnes présentes ce soir-là) des embryons. Et ça, ça valait le détour. La phase clinique est gérée par des médecins avec lesquels nous sommes en contact quasi-quotidien. En revanche, la phase biologique est totalement désincarnée. Alors voir concrètement avec qui et avec quoi (photo des postes de travail à l’appui) on fabrique nos bébés, c’est forcément un peu intéressant.
Enfin, contrairement à la plupart des médecins, les intervenantes du labo ont su faire preuve de pédagogie et de pragmatisme. Après nous avoir expliqué la congélation des embryons (2 heures pour les faire descendre à – 196 C°) et leur conservation (dans l’azote liquide jusqu’à 5 ans), elles nous ont aussi demandé de donner de nos nouvelles en cas de réussite. « Nous, après, on a vos embryons et on en est responsable. Et vous, vous disparaissez dans la nature dès que vous avez 1 enfant. Alors mince, tout de même, tenez-nous au courant de vos changements d’adresse pour qu’on sache quoi en faire ! » nous a dit très simplement l’une d’elle. La loi les autorise à les détruire mais ça leur pose quand même un problème. Rires dans la salle. Bravo mesdames, quelques minutes avant, plus d’un visage s’était fermé à l’évocation sans complaisance des taux de réussite. De même, leurs encouragements à persévérer après un échec n’avaient rien d’une publicité mensongère. Les mots étaient clairs et les exemples sincères. Vous me direz que j’en rajoute, trop encline en ce moment à trouver le propos rassurant. Mais non, je parle en connaissance de cause : depuis 4 mois, on a beaucoup pratiqué le labo à travers divers examens et je sais à quel point son personnel est disponible. Tous les jours et même le dimanche, des gens gentils répondent à toutes les demandes saugrenues : « et mon embryon, il a grossi ? », « et mes spermatozoïdes ils sont forts ? », « ce sera une fille ou un garçon ? », « vous voulez pas aller jeter un coup d’œil sur mes rejetons ? ». Je ne sais pas madame. Oui, ils sont parfaits. N’insistez pas. Je ne peux pas ouvrir les cuves de conservation 3 fois par jour, ça détruirait vos embryons justement, etc… Autant de réponses bien pesées, données à des patient(e)s dont ils semblent comprendre le désarroi.

Alors, bon, moi je dis juste merci.

La salle d'attente

Mardi 9 janvier 2007

- Bonjour, j’ai rendez-vous à 15h30 avec…
- Service maternité, niveau -2
- Maternité ? ah oui… C’est vrai. J’avais oublié.
Amusant phénomène de mémoire. A chaque fois que je me pointe à l’hosto je cherche le service PMA. Service qui n’est autre que le service “Maternité”. Forcément. Mais je m’applique tellement à oublier pour un temps la maternité, que je n’y pense jamais.
En salle d’attente, je m’assois entre 2 ventres ronds. Plus loin, il y a des jeunes parents qui regardent dans un landau. Malaise. Le traitement est tellement prenant que j’en oublie ma quête. De maternité donc. Insensible au contenu, je ne perçois à côté de moi que 2 gros corps fatigués. Des familles trop convenues. Des maxi-cosy ridiculement tous pareils. Qu’est-ce que je fais là ? Mais si rappelle-toi. Tu veux un enfant. Un qui lui ressemble et même que si c’est un garçon, on pourrait l’appeler… Merde, je vais pleurer. Laisse tomber. Oublie. Ça reviendra tout seul et en temps voulu. On m’appelle, c’est mon tour. Ouf.

samedi 6 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 5

Vendredi 5 janvier - (Presque) Début de la stimulation.

C’est bien en vue d’une ponction que j’ai enfilé hier la tenue réglementaire pour pénétrer enfin dans les salles d’interventions du service gynécologie de la clinique. Sauf qu’il ne s’agissait pas de ponctionner les ovocytes (moment tant attendu de la FIV).
Comme 10% des patientes traitées au Decapeptyl, des kystes sont venus perturber la phase de blocage.
Une nouvelle prise de sang et une échographie vendredi matin ont révélé un taux d’oestradiol trop élevé et un kyste rebelle. Le médecin m’a laissé le choix : arrêter le protocole et attendre que ça passe ou l’enlever à la clinique et continuer. Comme j’ai renoncé à la médecine douce dès le premier jour, j’ai choisi l’option 2. Non sans appréhension mais c’était mieux que de se retrouver les mains vides et le bide en vrac à attendre encore.
Aussitôt dit, aussitôt fait, quelques heures plus tard, au sous-sol de la clinique, un infirmier boute-en-train me demandait de tout enlever. Tout et même les bijoux. (Ok mon petit, mais le piercing est coinçé, vous voulez bien regarder ?) Ensuite il m’a donné une charlotte moche, des chaussons qui ressemblaient à la charlotte (mais plus grands) et un peignoir jetable. Trop sexe. Et encore après, il est revenu avec une espèce de grande bande de papier pour que je m’enroule dedans et qu’on voit pas mes fesses en circulant dans les couloirs. Trop glamour. J’avais presque envie de rigoler. Surtout quand j’ai vu entrer mon médecin (le jeune fringuant en Paul Smith de la dernière fois, souvenez-vous) avec… une charlotte sur la tête et des chaussons en papier ! Là, tout de suite je l’ai trouvé plus sympa. D’ailleurs, c’était pas qu’une impression, il ETAIT plus sympa. Comme quoi, quand on passe aux choses sérieuses, la relation change.
Quand j’ai vu la taille de l’aiguille qu’il allait utiliser sans anesthésie pour ponctionner le liquide à l’intérieur du kyste, j’ai moins rigolé. Mais en fait non, ça n’a pas été si terrible. Franchement pas agréable on s’en doute, mais l’infirmière et le médecin ont assuré.
Passé la porte, il ne restait plus rien. Sauf les pansements et quelques tiraillements. Retour à la vie réelle. Encore un peu zombie dans l’espace-temps des mieux-portants, mais soulagée. En route pour le boulot, je me disais que j’allais enfin commencer la stimulation, passer à 2 injections quotidiennes et tourner une nouvelle page.

Aujourd'hui, la première piqûre est faîte. Jusqu’aux examens de jeudi, rien ne devrait perturber à nouveau le traitement. Sauf les angoisses qui elles, ne disparaissent pas d’un grand coup de seringue. Dommage. Mais heureusement, l’Habitude commence à venir en aide. Et son contraire aussi : l’Aventure.

jeudi 4 janvier 2007

La FIV active

Y’a pas que les enfants dans la vie. Ben non, y’a le boulot aussi.
Mais on en parle moins sur les blogs de la PMA. Peut-être parce que dans les 10 commandements implicites de la vie en entreprise, entre «tu ne coucheras pas avec tes collègues» et «le patron a toujours raison », il y a un truc du genre «jamais tu n’avoueras que tu veux des enfants» ou « toujours tu sépareras ta vie de famille de ta vie professionnelle».
Heureusement, ce sont des principes que je n’ai jamais vraiment suivi.
La preuve, j’ai épousé un « collègue » de bureau. Et depuis que je travaille, je n’ai pas seulement construit dans diverses entreprises une vie professionnelle heureuse, je m'y suis fait aussi beaucoup d'amis, un mari et quelques ex. Parce que j’aime bien ce que je fais, j’ai toujours été encline à tout mélanger.
Je dis « heureusement » parce que s’il y a une chose que je n’aurais quand même pas imaginé faire au boulot c’est bien un enfant. Quand on a parlé d’infertilité et de PMA… Là, j’ai compris que j’allais encore devoir enfreindre le code du salarié-qui-a-une-vie-privée-merde-à-la-fin. Tenter une fécondation in vitro et toute la préparation que ça induit sans en parler, c’était juste inenvisageable. Impossible de partir tous les soirs à 18h30 en catimini. Impossible de prendre 2h30 de pause pour une écho, en plein rush, sans se justifier. Et ça, plusieurs semaines de suite.
C’est comme ça que je me suis retrouvée un soir à raconter à mon boss que je voulais un enfant. Et que ça allait être long et compliqué. J’ai beau savoir qu’il est ouvert d’esprit et plutôt content de m’avoir embauché, et ben j’en menais pas large. J’étais déprimée par le fait de ne pas être enceinte et en plus, je devais annoncer officiellement mon intention de pouponner. Avouez qu’il y a mieux à dire pour se faire valoir au sein d’une entreprise. Mais voilà, je n’avais pas vraiment le choix. C’était le seul moyen de continuer à mener ma vie professionnelle ET privée. Ma vie normale en fait.
Maintenant, je stresse moins à l’idée de sortir mes aiguilles tous les soirs dans le seul bureau fermé de l’agence (fermé mais vitré!). Pourtant au début, ce n’était pas vraiment évident de faire ça un peu devant tout le monde. De se résigner à ce que quelqu’un puisse me surprendre. Et d’expliquer au besoin.
Ça reste relativement simple parce que je travaille dans un environnement privilégié et dans une boîte qui respecte somme toute les impératifs de chacun. C’est facile parce que j’apprécie la grande majorité des personnes qui m’entourent. Et que j’ai plutôt confiance en elles. Mais c’est gênant parce que ce n’est pas un sujet qu’on aborde habituellement dans le cadre de l’entreprise. Et je suis certaine qu’il y a des environnements moins propices, des managers moins compréhensifs, des fonctions plus exigeantes, des femmes plus réservées ou plus seules dans leur boulot.

Le regard des autres, surtout dans un cadre professionnel, a toujours beaucoup compté pour moi. Faire bien, être meilleure, réussir, relever le défi, progresser, y arriver… sont sûrement des termes que vous jugerez « carriéristes » ou juste stupides mais ils expriment ma manière d’être dans le travail. L’envie de faire mieux et d’être là où ça se passe me motive. Avec la FIV j’ai l’impression que je ne peux être que moins bien, moins présente, moins efficace… Pour l’instant ça va. Mais après ? C'est difficile d'accepter cette baisse inévitable de dynamisme et d'enthousiasme pendant le traitement. Et c'est difficile de savoir que les gens avec qui vous bossez vont peut-être s'en apercevoir ou faire un lien entre votre FIV et vos résultats professionnels.

Les mères me diront qu’avec un enfant ce sera pire. Oui, mais ce sera avec un enfant. Et comme elles disent aussi que « c’est la plus belle chose au monde» et ben allons-y. Mais si j’ai deux enfants, comme ça peut arriver avec la FIV, est-ce que je vais continuer à travailler ?

Les traitements de PMA ne sont pas simples à gérer en travaillant. Pourtant, ce sont souvent des femmes actives qui les suivent. Je me demande souvent comment elles font…elles.

lundi 1 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 4

Samedi 30 décembre - premier dosage et première écho avant stimulation

On m’avait dit : ça prend du temps. Et de l’énergie. Bon.
Ce samedi donc, le réveil a sonné à 6h20. Pas de problème : je saute du lit (presque) de bonne humeur. Ma détermination est à toute épreuve : je dors bien, j’abuse pas, je me couche tôt, je suis prête à passer à la phase 2 du traitement. A 7h, nous voilà partis pour le labo. Jij’ m’accompagne dans le petit matin de décembre (il dort bien, n’abuse pas, se couche tôt et il est fin prêt à passer à l’étape 2 du traitement). Coup de chance, il ne fait pas froid, il n’y a pas un chat et c’est très joli les décos de noël si tôt le matin.
Arrivés au labo, la dame est gentille mais nous demande d’attendre. Une vieille râle qu’elle est à jeun et qu’elle va tourner de l’œil. Ok, nous lui cédons notre tour. Souriants.
A 8h15 nous revoilà dehors, pas plus avancés. Comme l’échographie est un peu loin de la maison, nous décidons de rester dans le coin. Et comme il pleut des cordes, nous squattons le premier bistrot venu pour prendre un vrai petit dèj. A cette heure-ci, un samedi de vacances, il n’y a pas grand monde. Mais le café est chaud, et même que le jour s’est levé.
3 heures et plusieurs bistrots plus tard, nous voilà enfin devant l’immeuble de notre médecin. Celui-ci est en vacances mais son remplaçant est censé nous recevoir. Pourtant, personne ne répond à l’interphone. Bon. La concierge nous a fait entrer dans le hall qui est chauffé, c’est déjà ça. Une autre patiente est là. Patiente, elle aussi. Et elle nous le confirme « ils ne sont jamais à l’heure ». Oui, en effet, on avait cru remarquer. Déjà la dernière fois, on avait attendu 1 heure. Sauf que c’était le soir : on pouvait comprendre.
A 11h30, nous attendons toujours dans le hall de l’immeuble quand arrive le remplaçant : jeune, fringuant, habillé en Paul Smith, casque de scooter à la main. «Désolé», nous dit-il. L’autre dame lui fait remarquer que, en scooter, il n’a pas l’excuse des embouteillages. «ça glisse» nous répond-il. Silence. Restons zen, me dis-je, ce sera bientôt fini et on ira profiter du week-end.
Nous le suivons donc à l’intérieur (enfin !) du cabinet. Et là, nous passons… en salle d’attente. Finalement, à 11h45, nous voilà face à face. «Vous avez des kystes et les ovaires ne sont pas bloqués » nous assène-t-il en guise de bonjour. Silence. «C’est pas grave, on va regarder ça» ajoute-il.
Je vous passe les images sans grand intérêt du kyste ovarien et les commentaires du genre : « ah, vous voyez, je vous l’avais dit ! » et me revoilà face à lui, à côté de Jij’ qui tente de poser trois questions et surtout, d’obtenir quelques réponses.
A ce moment-là, j’ai bien vu qu’il pleuvait dehors, que j’étais fatiguée, qu’on avait pas fait les courses pour le réveillon et que j’avais un boulot à finir ce week-end. «C’est pas grave», a-t-il continué… «Ça arrive, vous changez rien, vous continuez les injections de Décapeptyl et on recommence les dosages et l’écho jeudi».
J’ai sorti notre chéquier et puis on est parti. Normal quoi.
Je sentais une vague grande colère monter mais contre qui et contre quoi ? Pas contre le réveil qui avait sonné trop tôt… c’est pas vraiment une raison. Pas contre le médecin qui était arrivé en retard… après tout, ce n’est même pas le mien. Pas contre la pluie qui avait enfin trouvé le chemin de mes chaussettes… car le temps, on y peut rien. Pas contre Jij’ qui me soutenait… et qui me supportait sans rien dire. Pas contre moi non plus, qui ne réagissait pas assez bien au traitement… car c’est comme ça, c’est les aléas. Pas contre ceux qui font un bébé sans y penser… Après tout, c’est pas de leur faute à eux. J’aurais bien aimé tout casser mais j’ai pas trouvé quoi ni pourquoi. On est rentré et puis on s’est couché. J’avais déjà trop gueulé sans rien avoir à dire.
Le lendemain, c’était oublié. Les copains sont venus dîner et l’année a bien commencé.
C’est comme ça, des fois, la PMA.

Et en attendant, je vous souhaite une très bonne année.

PS : Pendant les 3 heures à attendre, j'ai lu le dossier de courrier international sur "l'essor du baby business". C'est vraiment édifiant. Ca paraît proche de la science fiction mais les questions soulevées ouvrent enfin le débat. Pour plus d'info, voir la note de Christine à ce sujet sur son blog