jeudi 11 janvier 2007

Briefing collectif

Mercredi 10 janvier 2007

Le laboratoire qui nous suit (dosages hormonaux, spermogrammes, traitements des ovocytes, fécondations in vitro, congélation de nos embryons et encore pleins d’autres petites choses très personnelles) organisait avant hier une réunion pour tous les couples en protocole de FIV.
Objectif de la conférence (ça tenait plutôt du cours d’amphi que de la réunion) : faire le tour des différentes techniques de PMA pour nous permettre de faire un choix si notre protocole venait à changer.
Exemple : dans certains cas (impossible à prévoir), on préfère réaliser un « hatching » pour faciliter l’éclosion des embryons. Il s’agit alors de déposer sur la membrane de l’ovocyte (J2 après la fécondation), une goutte d’acide pour la fragiliser. Cette membrane, appelée zone pellucide, se rompt ainsi plus facilement dans l’uterus, libérant le précieux fœtus dans son milieu naturel. C’est ce qu’on peut appeler joliment une « aide à l’éclosion embryonnaire ». Bien entendu, l’acide ou l’aiguille n’entrent jamais en contact avec le fœtus. Et la manipulation n’est pratiquée qu’en cas de réelle nécessité.
Autre exemple : dans les cas de FIV classique, certains couples peuvent être amené, le jour J, à réaliser une ICSI si le sperme vient à manquer (ben oui après tout, c’est du direct live la fécondation in vitro alors, si tout à coup monsieur panique, on fait quoi ?). Avec l’ICSI, un seul spermatozoïde vivant suffit à la fécondation.
Enfin, l’IMSI est la dernière méthode en date. Mais on en parle encore très peu dans les réunions d’information. Pourtant, il y avait au moins un couple concerné dans la salle. Je ne sais pas moi-même en quoi ça consiste.
Autre intérêt de la réunion : nous présenter les biologistes qui nous fabriquent à tous (une bonne cinquantaine de personnes présentes ce soir-là) des embryons. Et ça, ça valait le détour. La phase clinique est gérée par des médecins avec lesquels nous sommes en contact quasi-quotidien. En revanche, la phase biologique est totalement désincarnée. Alors voir concrètement avec qui et avec quoi (photo des postes de travail à l’appui) on fabrique nos bébés, c’est forcément un peu intéressant.
Enfin, contrairement à la plupart des médecins, les intervenantes du labo ont su faire preuve de pédagogie et de pragmatisme. Après nous avoir expliqué la congélation des embryons (2 heures pour les faire descendre à – 196 C°) et leur conservation (dans l’azote liquide jusqu’à 5 ans), elles nous ont aussi demandé de donner de nos nouvelles en cas de réussite. « Nous, après, on a vos embryons et on en est responsable. Et vous, vous disparaissez dans la nature dès que vous avez 1 enfant. Alors mince, tout de même, tenez-nous au courant de vos changements d’adresse pour qu’on sache quoi en faire ! » nous a dit très simplement l’une d’elle. La loi les autorise à les détruire mais ça leur pose quand même un problème. Rires dans la salle. Bravo mesdames, quelques minutes avant, plus d’un visage s’était fermé à l’évocation sans complaisance des taux de réussite. De même, leurs encouragements à persévérer après un échec n’avaient rien d’une publicité mensongère. Les mots étaient clairs et les exemples sincères. Vous me direz que j’en rajoute, trop encline en ce moment à trouver le propos rassurant. Mais non, je parle en connaissance de cause : depuis 4 mois, on a beaucoup pratiqué le labo à travers divers examens et je sais à quel point son personnel est disponible. Tous les jours et même le dimanche, des gens gentils répondent à toutes les demandes saugrenues : « et mon embryon, il a grossi ? », « et mes spermatozoïdes ils sont forts ? », « ce sera une fille ou un garçon ? », « vous voulez pas aller jeter un coup d’œil sur mes rejetons ? ». Je ne sais pas madame. Oui, ils sont parfaits. N’insistez pas. Je ne peux pas ouvrir les cuves de conservation 3 fois par jour, ça détruirait vos embryons justement, etc… Autant de réponses bien pesées, données à des patient(e)s dont ils semblent comprendre le désarroi.

Alors, bon, moi je dis juste merci.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous on avait séché la réunion d'information...
La première avait eu lieu quelques jours avant que l'on ne soit officiellement orienté vers la FIV, puis la suivante alors que nous étions déjà engagé dans le protocole depuis des mois, après plusieurs tentatives, et nous en savions déjà beaucoup. Presque trop pour avoir envie d'entendre une fois de plus ce qu'on avait lu et relu quand on se documentait.

Je me suis déjà demandé quelle atmosphère pouvait régner dans de telles réunions. Autant de couples réunis, confrontés au même problème, en proie aux mêmes angoisses...

EmilieR a dit…

Ca fait bizarre ! au début, personne ne se regarde ! Personne n'a envie de lire dans le regards des autres son propre manque. Personne n'a envie de se dire : je suis exactement comme tous ces gens dans cette salle. Et puis après ça se dégèle… finalement, oui, on vit tous la même chose et ça donne envie de se parler. La curiosité et l'empathie l'emporte. Je suis arrivée vraiment de mauvais poil et repartie plutôt de bonne humeur. Tout le monde est assez bien informé… la discussion est intéressante et va à l'essentiel. En plus ça permet de constater que ça peut vraiment arriver à tout le monde.