jeudi 18 janvier 2007

Baby blues

Plus la FIV approche, plus je sens grandir le sentiment de notre impuissance. Il y a un certain temps qu'on sait que pour faire un enfant, s’aimer beaucoup ne suffira pas. Mais quand je l’aime autant, j’ai du mal à croire qu’il ne sortira rien de nous. Et que la seule chose que je peux lui promettre, c’est d’aller au bout du traitement.

Et le traitement parlons-en. Pour nous, il ne consiste qu’à pondre. La première fois qu’on a vu que la stimulation fonctionnait, j’étais vraiment contente. Ce que je voyais à l’échographie, c’était 12 chances supplémentaires de faire un enfant. J’avais l’impression d’avoir réussi quelque chose. Je nous trouvais courageux et je me sentais forte. Maintenant, je sais que samedi, lors de la ponction, des médecins bien plus forts que nous vont tout prélever. Chez moi et puis chez lui. Et nous, on en aura fini. L’histoire va continuer ailleurs. Dans un labo, avec des techniciens (certes sympathiques et compétents Cf le briefing, mais bien loin de nous quand même). C’est vraiment entre les mains des médecins et des laborantins que tout va se jouer. Dans leurs petites boîtes, il y aura une vie où il n’y aura rien. Et nous n’y pourrons rien, une fois de plus. D’ailleurs, nous serons sûrement quelque part en salle d’attente. Pour changer.

Je sais bien qu’on ne contrôle pas plus la venue d’un enfant naturellement mais j’ai tendance à croire qu’on s’y sent pour quelque chose quand même. Ça doit être un peu magique de fabriquer un être vivant comme ça… De produire rien de moins qu’un enfant et rien qu’à 2. J’aimerais bien savoir ce que ça fait… Si on se sent plus grand. Si on se sent responsable. Ou fier. Ou si on a l’impression d’un cadeau que la vie vous fait.

Les gentils me diront que c’est notre volonté qui nous permet d’aller au bout e la FIV, que nous ne sommes pas inactifs, voire que nous avons du mérite et de la patience mais ce n’est pas pareil… et ça ne change rien à l’impression que tout se joue en dehors de nous. C’est le cas de toute façon. Samedi on va rentrer chez nous et regarder un film… Et puis voilà. Ailleurs, des gens s’activeront (j’espère) pour faire des enfants à des gens « comme nous ».

2 commentaires:

KarMa a dit…

Tant pis, je veux bien faire partie des gentils, parce qu'après 35 piqûres, 25 jours de traitements, 13 ovocytes, 7 prises de sang, 7 épisodes à suivre sur ce blog et 4 échographies, on ne peut pas dire que tout ça se fait sans vous!
le K de Karma

Anonyme a dit…

J'ai repensé tout ce week end à ces interrogations: est-ce qu'on se sent plus grand, plus fier, pour quelque chose... ma réponse va te paraître bien terre à terre... Je dirais tout simplement qu'on se sent heureux. Nous nous étions contents, pas spécialement fiers non, ni plus grands ni plus petits. Chaque grossesse avec son lot de plans galères, amniocentèses, fausse couche, chaque grossesse pour te rappeler que certes tu y es pour quelque chose, mais les choses peuvent t'échapper à de tout moment. Je pense que si tout se passe bien (et j'y compte) vous aurez de quoi être fiers de vous, parce que vous aurez traversé des moments vraiment difficiles. Je suis heureuse de voir mes filles grandir et chaque jour je trouve une occasion de leur dire que je suis fière d'elles. Mais de moi non, je n'ai fait que leur servir de "matrice". Depuis le début elles grandissent en dehors de moi, elles ont leur chemin et je ne suis là que pour les guider un peu. De l'humilité plutôt que de la fierté.