lundi 16 avril 2007

Guérie (et aguerrie)

Un mois et demi après, je n’ai pas grand-chose de plus à écrire si ce n’est que j’ai soufflé mes 30 bougies quelques jours après la dernière opération (si joliment appelée « curetage ») et que j’ai laissé tomber l’idée d’une grosse fête. Que je n’en mène pas toujours large et que c’est vraiment par conscience « blogesque » que je reviens commenter ces pages enfin tournées. Que je n’ai pas l’âge de tirer de grandes conclusions sur la vie mais que, dans un sens, cette FIV m’a guérie…

Guérie (on approche de la rémission complète) de l’impatience qui consiste à vouloir tout, tout de suite et à tout prix.

Guérie de la crédulité qui pousse à croire le premier médecin venu qui vous affirme “je peux le faire”. Car même s’il est difficile de rester critique quand on vous agite un bébé sous le nez, au final, et surtout si ça se passe mal, il n’y aura que vous pour prendre soin de vous. Alors, malgré les déceptions, soyez vigilantes… (Pour celles qui veulent lire la FIV autrement: un bébé mais pas à tout prix, de Brigitte Fanny-Cohen.)

Guérie (un peu) de l’arrogance dont la petite voix me soufflait bêtement : toi, tu réussiras. Sauf que ça ne marche pas comme ça. Vieille, jeune, équilibrée, anorexique, stérile, en bonne santé, active ou dépressive… Peu importe. On suit toutes le même traitement. Le profil de chacune indiffère et, indifféremment, c’est la chance qui tranche. Petite leçon de vie donc… et d’humilité.

Guérie aussi (pas complètement) des femmes enceintes. Plus de regret, moins d’amertume. C’est leur vie après tout, pas la mienne. Inutile de se projeter.

Enfin, je suis guérie de raconter ma vie. C’est donc la fin d’un blog qui m’a apporté un grand soutien et dont j’ai été fière qu’il parle à quelques-unes d’entre vous.
S’il reste en ligne, c’est avant tout pour celles qui se lancent dans cette aventure afin de concevoir un enfant dont on leur a affirmé (souvent froidement) qu’il ne viendrait pas tout seul. Personnellement, durant ces presque 5 mois de traitements et de complications, je me suis gavée de témoignages et ils ont largement palié au manque d’informations délivrées par les médecins. Je souhaite que le mien vous apporte aussi quelques réponses.
Au départ, fivtuck servait à raconter ce que nous vivions auprès des amis ou de la famille ou de l’entourage en général, souvent pour justifier de nos absences et de notre fatigue. Parfois à tort. Raconter cette histoire pourtant banale, c’était s’exposer bêtement aux remarques, aux clichés, aux avis pas toujours éclairés. J'ai compris un peu tard que ce petit rêve de la vie et de l’avenir méritait plus que les autres d’être protégé. Et qu’il valait mieux garder notre énergie pour imaginer une vie qui en vaille la peine… même si. J’ai découvert aussi, avec bonheur, qu’il existe sur internet et ailleurs, une vraie solidarité autour des sujets qui nous touchent. C’est vers ces communautés qu’il faut se tourner, je crois, pour trouver réconfort et conseils. Même si, là aussi, les avis divergent et ne doivent pas influencer. Mais la réflexion des gens qu’on y croise est nourrie d’expérience qui font avancer la nôtre… en toute discrétion.

Bonne chance.

Pour lire l’histoire depuis le début, c’est ici