mardi 26 décembre 2006

FIV ICSI : Episode 3

21 décembre – Première injection de Decapeptyl

Le 1er jour, je n’ai même pas réussi à garder les deux yeux ouverts pour regarder l’infirmière me faire la piqûre. L’aiguille me faisait flipper.
Le 2e jour, l’infirmière était beaucoup moins sympa que la précédente. Je n’avais donc plus très envie de passer mon 24 décembre dans leur cabinet. Motivée à l’idée d’ouvrir mes cadeaux au chaud plutôt que de poireauter dans leur arrière-boutique (et encouragée par les « c’est pas sorcier, faîtes le vous-même » de la mégère), j’ai donc réalisé la deuxième injection sous-cutanée toute seule.
Ce soir-là, la fierté d’y être arrivé l’a emportée sur la trouille. J’avais même hâte de recommencer. Histoire de faire encore mieux.
Maintenant, ça fait 6 soirs et un beau bleu (essayez donc de vous faire une piqûre dans un train en marche) et je confirme : je déteste ces p… de petites piqûres qui picotent ! C’est pas vraiment que ça fait mal (l’aiguille n’est pas bien épaisse), c’est juste que c’est angoissant. Je ne sais pas toujours où me mettre pour la faire (parce qu’être à la maison à 19h, bien sûr, ce serait trop simple). J’ai toujours peur d’avoir oublié quelque chose ou de ne pas avoir fait les bons gestes en préparant la solution. Peur aussi de piquer de travers…
Heureusement, ce qu’il y a de bien, souvent, dans les piqûres, c’est qu’une fois terminé, on se sent tout de suite beaucoup, beaucoup mieux.

Les injections de Decapeptyl vont durer jusqu’à la ponction des ovocytes. Je vous ferais bien un cours sur le pourquoi du comment mais je suis larguée. Samedi, si la prise de sang et l’échographie révèlent que le Decapeptyl fonctionne comme prévu, je commencerai le Puregon (des piqûres sous-cutanées aussi mais avec un stylo, donc plus simples à préparer).La stimulation à proprement parler commencera à ce moment-là (enfin je crois).

Aujourd’hui quelqu’un s’est étonné que je puisse raconter tout ça sur un blog. C’est marrant parce que justement, il est journaliste. Je suis plutôt pudique sur ce genre de chose. Mais traiter cette aventure comme un reporter en mission ou une chroniqueuse de Marie-Claire, c’est un peu ma manière de prendre du recul. Même si, je vous l’accorde, tout ça tient plus du journal intime que du reportage, je me force à donner des précisions. A parler ponction et ovulation et stimulation… Moi qui ne supporte pas l’idée qu’on puisse dire de moi : elle est chiante, c’est normal, c’est les hormones. Je me force à poser mes hormones sur la table justement. Ça me fait du bien mais ce n’est pas toujours simple.

mercredi 20 décembre 2006

Le doute II

Chers amis lecteurs,

Si vous souhaitez poursuivre cette aventure avec nous, une courte parenthèse technique s’impose. J’entends déjà râler ceux du fond, près du radiateur, mais non vraiment, on peut pas faire autrement. On est sur un blog à la pointe de la technologie, ici. Qu’on se le dise. Et si comme moi, vous avez séché tous les cours de biologie depuis la 6e, sachez qu’il n’est pas indispensable de savoir précisément comment on fait les bébés naturellement pour comprendre comment on fait une ICSI. J’en suis la preuve vivante : 2/20 au contrôle sur la reproduction, 20/20 dans le cabinet du docteur PMA. Donc, sortez vos cahiers et soyez attentifs, je ne répéterai pas 2 fois ☺

Je vous la fait courte :

Dans une FIV ICSI, on prélève un ovocyte chez la femme puis on le « traite » pour ôter la membrane qui le protège (c’est la décoronisation). Au moment de la Fécondation In Vitro, un technicien choisit un spermatozoïde (principalement en fonction de sa forme et de sa mobilité) pour l’injecter dans l’ovocyte à l’aide d’une aiguille. D’où son nom : FIV avec Intra Cytoplasmic Sperm Injection.

Voir le film

Cette manipulation n’est pas totalement sans risques pour l’enfant à naître :

1. Les personnes infertiles sont plus souvent porteuses d’anomalies génétiques que le commun des mortels (quoique le mortel est rarement commun, finalement). Il y a donc un risque accru de transmission d’une anomalie génétique. Cette anomalie, mineure chez le parent, peut évoluer différemment chez l’enfant ou chez sa descendance. Il y a notamment un risque avéré de transmettre l’infertilité des parents à l’enfant.
2. Le spermatozoïde est choisi puis injecté. Pas de sélection naturelle donc. Vous aurez remarqué cependant que même la nature fait des erreurs : les anomalies existent avec ou sans ICSI. Sauf que l’ICSI accroît peut-être le risque d’anomalies (mineures ou majeures).
3. Durant la manipulation, des éléments extérieurs peuvent être injecté dans l’ovocyte : fragments d’ADN, liquide jesaispluskoi… Mais bon, ça a plutôt bien réussi à Spidermann de mélanger son ADN, non ?
4. L’ainé des enfants issus d’ICSI a 15 ans. Un peu jeune donc pour mesurer les conséquences du procédé.

Là, je sens que vous commencez à comprendre le titre de ce post. Là je sens que vous espérez une conclusion rassurante. Bon, la voilà : rien ne prouve et rien n’infirme les conséquences susdites. Le recul aujourd’hui, on ne l’a pas vraiment. Seuls les centres de PMA sont formels : l’ICSI, c’est génial et c’est sans risques. C’est un peu comme les transfusions sanguines dans les années 80 : pourquoi s’en passer puisqu’on peut faire tellement de bien avec ?
Les médecins sont distants, les produits sont chers… Alors, non, tout ça n’a rien de rassurant et ma parano va bon train : à 10000 ICSI par an, combien d’argent gagnent les centres et les Labo Pharmaceutiques ? Assez pour fermer les yeux ? Comment dirais-je à mon enfant, s’il est stérile, qu’on savait qu’il y avait un risque ? Est-ce que je dois renoncer ? D’un instant à l’autre, mon cycle va reprendre à J1 et avec lui un traitement compliqué. Je pique ou je pique pas ? j’y vais ou j’y vais pas ?

Quel suspens, non ? Avouez qu’au moins j’ai un sens dramatique aigu…
Bon allez. RDV dans l’épisode 3, c’est pour bientôt.

jeudi 14 décembre 2006

Le doute I

Le papa, la maman et les enfants… C’est pas forcément la vie dont on rêve au départ. Moi en tout cas, de 18 à 28 ans, je me voyais assez bien avec des enfants et des papas. Ou des papas mais pas d’enfants. Ou des enfants mais sans papas, bref… c’était open, surtout en fin de soirée. Bon, finalement, bien élevée comme je suis (et je ne m’en plains pas, hein), et bien j’ai quand même épousé The papa pour la vie. Et tout ça finalement, un peu à l’instinct. Parce que la vie, c’est pas un plan de carrière. De la même manière, on a eu envie de faire un enfant. Mais où sont l’instinct et la spontanéité, quand tout se programme à J-25 et qu'une tentative mobilise tant de monde et d’énergie ? En attendant les traitements, en attendant la fin du premier traitement, en attendant le transfert, en attendant les résultats… On a le temps de cogiter. Et maintenant qu’on est revenu de nos rêves tout bleus, qu’on s’est replongés contraints et forcés, en attendant, dans notre vie sans enfant… Et bien c’est difficile d’être sûr de ce qu’on veux. On apprécie les grasses matinées, les soirées sans horaires, la vie de couple sans obligations, les retours tard dans la nuit, les gueules de bois, les ballades en solo…
Cette année, on se fout des fêtes de fin d’année, on se fout de savoir ce qu’on fera pendant les vacances ou le week-end prochain… Et c’est bien aussi. C’est agréable souvent. Voilà, pour moi, c’est aussi ça la FIV, c’est ne pas savoir. Ne pas se projeter. Faire comme si de rien n’était. Et douter d’être un jour des parents attentionnés.

mercredi 6 décembre 2006

eprouvettes.com

En cherchant sur le net, des informations et des témoignages, je suis entrée dans un monde bizarre. Un monde où se côtoient les clomidettes (celles qui prennent du Clomid®, un dopant pour l’ovulation), les piquousettes (celles qui ont un traitement avec des piqûres d’hormones), les FIVettes et les récidiFIVettes (avouez que ça se passe de traduction) et pleins d‘autres minettes en mal de chatons.
Outre la débauche de petits noms et abréviations plus ou moins de bon goût, ce sont des milliers d’histoires pareilles et différentes qui s’écrivent sur les blogs et les forums. Et des dizaines de communautés solidaires, formées autour du même objectif. Hallucinant. Et rassurant. D’abord, parce que vous n’êtes pas la seule névrosée du coin : rancoeur, jalousie, envie, espoir, peur… les sentiments exprimés sont souvent les mêmes et ça aide à prendre du recul. Ensuite, ça permet de se situer autrement : on pensait être une damnée de la terre et finalement, on se trouve plutôt chanceuse d’entamer, au bout de 2 ans de galère à peine, un traitement qui a toutes ses chances de marcher. Enfin, j’imagine que pour certaines, c’est assez réconfortant de se soutenir via blogs et forums. Moi, je me la raconte en marge de ces derniers car j’aime pas trop qu’on m’appelle piquousette. Cela dit, j’ai mis de l’eau dans mon vin et fais moins la fine bouche devant le courage et la persévérance de certaines. Voire de certains. Car, même si c’est plus dur à débusquer, on trouve quelques témoignages masculins. Et en général, ça vaut le détour*. Parce qu’il faut bien l’avouer, les hommes dans cette situation, ils ont beaucoup, beaucoup plus d’humour que les filles. Et ils ne sont pas plus ménagés puisque dans 50% des cas, c’est eux qui souffrent de stérilité ou d’infertilité.
Tout ça pour dire qu’il s’en passe des trucs sur le web et dans les centres de PMA. Et qu’ils ont bien du mérite ceux qui tentent d’avoir un enfant après une chimio, après 3,4,5 ans d’attente, après plusieurs fausses couches, ou après de nombreux échecs inexpliqués mais qui ont toujours un mot sympa pour leurs compagnons d’infortune online.

*Voir par exemple :
http://goddess-gate.com/dc2/index.php/post/4-Fais-moi-un-bebe

dimanche 3 décembre 2006

FIV ICSI : Episode 2

Jeudi 30 novembre – RDV chez le médecin de la PMA.

Dans l’usine à bébés du docteur Miracle, faire une FIV ICSI (une „ixi“en langage médecin), c’est juste une formalité.
Il nous inscrit à une réunion d’information et nous explique les démarches administratives*, répond à nos questions et me dresse un planning des opérations :
je vais commencer par prendre du Duphaston du 16e au 25e jours de ce cycle pour déclencher les règles le 22 décembre. Ensuite, c’est le début du traitement hormonal en vue d‘une ponction d’ovocytes vers le 20 janvier et d’une fécondation à la même date. Le transfert d’embryon aura lieu 2 ou 3 jours après. 2 semaines après, une prise de sang nous dit ce qu'il en est.
En résumé : si tout se passe comme prévu, début février on saura si notre première tentative a été fructueuse ou non.
Ce qui est important, c’est qu’à la suite de cette première ponction, il y aura peut-être 3, peut-être 7, peut-être 15 embryons viables issus de la fécondation in vitro. Tous pourront être replaçés dans l’uterus. Tous pourront tenter leur chance. Certains (1 ou 2) seront replaçés quelques jours après la ponction. Les autres seront congelés en vu de nouveaux essais.
C’est important parce que la phase la plus lourde physiquement, c’est la phase de ponction. Transférer les embryons dans l’utérus, c’est indolore et encore plus rapide que de faire un bébé „couette“ (aller-retour en métro à la clinique non compris). On peut répéter l’opération facilement. Ensuite, il „suffit“ d‘attendre 12 à 14 jours pour savoir s‘il y a effectivement une grossesse en route. La plupart des femmes trouvent que c’est la phase la plus éprouvante psychologiquement. Je peux comprendre. Depuis 18 mois, ça a toujours été long d’attendre durant les 14 derniers jours du mois. Et ça a toujours été une vraie déception de voir que ça n’avait pas marché. Quelqu’un m’a dit : tu es rodée. Peut-être. Mais je suis tellement contente de passer à l’action et tellement excitée par l’aventure que j’ai un peu oublié les échecs répétés. C’est comme si on repartait à zéro. Avec toutes nos chances. Et avec autant d’enthousiasme qu’au début.


* Pour prétendre à une FIV ICSI, il faut être un couple hétérosexuel vivant (oui,oui), marié ou en combinage depuis plus de 2 ans. La sécurité sociale rembourse 4 essais de FIV. Sachant que 1 essai = une ponction.