vendredi 23 février 2007

un ange passe

A l’écho il aurait dû mesurer 9 millimètres et on aurait du entendre un cœur battre.
Mais l’œuf était trop petit et la machine est restée silencieuse.
Alors on a essayé avec une machine plus grosse.
On a vu que l’œuf était vide… et la machine toujours silencieuse.
Un instant je me suis demandé si mon cœur aussi allait s’arrêter de battre.
Le médecin était gentil, vraiment gentil.
Il nous a expliqué comment on déclencherait la fausse couche demain, à la maison.
Et que si ça ne marchait pas, on opérerait à l’hôpital, sous anesthésie. Mercredi.

Moi aussi je me demande ce que je fous là à vous raconter ça sur Internet. Mais c’est juste que ce dialogue avec vous et surtout avec moi m’a toujours aidé à garder les idées claires.
Et à ce moment précis, plus qu’à aucun autre, il nous faut garder la tête froide. Dire notre déception et bientôt, passer à autre chose.

Le plus dur, c’est de voir la tristesse de l’autre. Egale à la sienne. Et de se sentir impuissant à la soulager. Le plus dur, à tort ou à raison, c’est de se sentir coupable. C’est de penser que j’étais trop stressée, que peut-être je n’y ai pas assez cru, que j’ai mal réagi… Même si ce sont des choses qui arrivent, souvent, et sans raison. Dans l'infertilité, on se retrouve souvent seule avec soi-même.

Je sais que d’autres partageront notre peine comme ils ont partagé nos épreuves. La famille, les amis… Mais d’une certaine manière, la chance nous a souri. De loin. Et pendant quelques semaines, nous avons ressenti ce que nous ne pensions jamais ressentir. Et il y avait vraiment un espoir, une ombre… Alors, on ne repart pas complètement de rien.

C’est mieux que rien. C’est mieux que de se dire que ce n’est jamais arrivé.

Quelqu’un a dit sur ce blog que la vie avait du bonheur en réserve même s’il n’était pas toujours là où on l’attendait. Aujourd’hui, ce sont ses mots qui tournent dans ma tête. J’espère qu’ils y resteront même si je sais, même si je sens que ça va être difficile de se lever demain et d’enterrer cet espoir là… Puis, de laisser faire le temps.

jeudi 22 février 2007

le sens de l'humour

Hier un copain me complimentait sur mon blog et… sur l’humour qu’il dégageait. D’ailleurs bien que non concerné par le sujet, il avait suivi l’aventure du début à la fin (vous me direz, ce qui arrive à vos copains, ça vous concerne toujours un peu, c’est vrai). Super flattée du compliment (le pote en question est une fine plume qui commence à être édité), je lui répond que justement, si je n’écris plus rien sur mon blog c’est bien parce que je l’ai complètement perdu… Ce putain de sens de l’humour.

Je ne sais pas s’il est coincé sous mon lit, que finalement je n’ai toujours pas quitté tant mon ventre me fait encore souffrir (l’accalmie fut de courte durée). Je ne sais pas si le chat, qui me nargue de ces 4 pattes valides, l’a bouffé. (L‘animal me tient parfois compagnie au lit mais c’est plus par amour de ma couette que par compassion pour sa maîtresse). Je ne sais pas si, comme les repas allégés en barquette de chez Picard, il me reste un peu en travers de la gorge. (A moins que ce ne soit l’abus de séries américaines débiles qui a eu raison de mon esprit so frenchy). Non, vraiment je ne sais pas mais je n’ai plus le sens de l’humour.

Alors, pour vous éviter amertume et angoisse, je préfère m’abstenir de vous raconter ma vie en ce moment. Que celles qui s’apprêtent à se lancer dans une FIV se rassurent, ça n’arrive pas tous les jours. Pour ma part, je comprends mieux pourquoi 30% des couples abandonnent après une première tentative. La PMA et moi, en ce moment, on est vraiment fachés. Je n’ai qu’une hantise : garder des séquelles de cette hyperstimulation hyper prononcée… ça me ferait vraiment mal de sortir stérile d’un traitement contre la stérilité.

Nota : le médecin vient d’appeler JJ pour lui dire que non, je ne vais pas sortir stérile de mon traitement contre la stérilité :-)))) J'ai rendez-vous avec lui (le médecin, pas jj) demain… à suivre donc.

jeudi 8 février 2007

Sois patiente…

C’est le leitmotiv de la FIV.
Et une qualité que je n’ai pas.
Quoique. Ca vient… Doucement.
Compter les heures dans 140 cm de large sur 80 de long, c’est un bon exercice :-)

8 jours que je suis au lit. Mon ventre est toujours aussi gros. On dirait que je suis enceinte de plusieurs mois. D’un autre côté, j’ai souvent peur, aussi, de ne plus l’être. Je ne sais pas toujours quelle heure il est, ni quel temps il fait… Tout ça n’a ni queue, ni tête. Drôle de début pour une grossesse. On s’attend à rester couchée à la fin, pas au début.

Quand le ras-le-bol me gagne, je me dit que la FIV est une sorte de miracle… mais que, tout de même, elle ne rend pas ce que la stérilité nous prend : la confiance en l'avenir, la foi, la joie de fêter et de profiter d’une grossesse pourtant tellement désirée.

Certains diront peut-être que je ne devrais pas me plaindre : j’ai ce que je voulais et du premier coup ! Mais je n’ai pas honte de dire que le parcours est dur et que le répit n’est pas toujours là où on l’attend. Les problèmes non plus, remarquez.

« Tu savais que ce serait difficile » est une parole qui revient souvent. Heu…Oui et alors ? Est-ce que je savais quand, comment et à quel point ? Non. Est-ce qu’un malade sait que sa maladie va être difficile ? Oui. Est-ce qu’il l’endure mieux parce qu’il sait que ça va être un calvaire ? Je ne pense pas. Qui peut se résigner à souffrir ? Qui peut se dire gentiment : « bon, ok, c’est tombé sur moi, pourquoi pas ». Les gens sont cons souvent. Et on est jamais assez bien préparé à leur bêtise.

Christine disait dans son blog qu’on a chacun notre méthode (cf « à chacun sa méthode ») pour combattre les difficultés. Elle évoquait sa combativité. Je crois que ma méthode à moi s’appelle colère. Parfois, la colère permet de dire merde à la poisse.

Bon rassurez-vous, je ne suis pas en colère. Et je souhaite que notre chance dure…

PS : un grand merci pour vos mots enthousiastes ! Promis, j’essaie de mettre en pratique vos conseils : me reposer… et en profiter. Courage les « pikousettes », tous les parcours sont différents mais les réussites sont nombreuses !

mardi 6 février 2007

FIV ICSI : dernier épisode ?

De retour à la maison (ou presque : j’attends sur mon lit d’hosto que ma mère vienne me chercher), me voilà également de retour dans la blogosphère. La raison de cette absence prolongée ? Une hyperstimulation persistante et des épanchements d’ascite dans l’abdomen qui ont nécessité hospitalisation puis… ponction. Honnêtement, ça fait mal. Pas la ponction, l’ascite. C’est l’inflammation des ovaires qui génère ce liquide. Il peut disparaître tout seul ou être ponctionné quand il comprime trop les organes. Car supporter des litres de cette eau jaune dans le ventre, c’est l’enfer. Dans les reins, le dos, l’estomac, les poumons et le bas-ventre, les douleurs sont aigues et empêchent de se lever ou de se tenir assis. Ajoutez à cela une perfusion dans le bras droit et vous voilà transformé en demi-légume nauséeu aux allures de bonhomme Michelin. Impossible d’écrire quoi que ce soit dans ces conditions.

Et c’est vendredi, alors que le moral était au plus bas, les douleurs au plus haut et le cœur au bord des lèvres, qu’on m’a annoncé le résultat du test de grossesse… L’infirmière est rentrée dans la chambre et m’a dit, « c’est bon, vous êtes enceinte ». Gros blanc. Impossible de faire monter les mots jusqu'au cerveau !

Depuis le matin, c’était le grand stress, ça allait de pire en pire et la perspective d’un résultat négatif rendait l’aventure encore plus sombre. J’ai tout de suite appelé JJ qui attendait au bout de son téléphone avant une importante présentation chez un client. Il était hyper ému…Moi en revanche, j’étais soulagée mais c’était pas vraiment la joie que je m’étais imaginée. Je me sentais tellement mal, j’en avais tellement marre et j’avais tellement peur que tout s’arrête que je ne voulais pas y croire. Je me disais que, bon, c’était bien mais que je ne devais pas me déconcentrer pour autant. Que ce n’était pas la fin du traitement. Que tout pouvait encore arriver. Pourtant, du médecin aux infirmières en passant par la famille, tout le monde affichait un enthousiasme sincère…

Ce n’est qu’après la ponction, quand j’ai eu moins mal et après le deuxième test d’hier, qui a révélé une évolution normale du taux d’hormone que j’ai commencé à y croire. Il faut se rendre à l’évidence : la FIV a marché. Je suis vraiment enceinte. Ce qui se passera ensuite ne sera pas forcément en lien avec le traitement. Une fois l’hyperstimulation stoppée (ce n’est pas encore complètement le cas), je serais enceinte comme une autre. Une chance folle d’en arriver là si vite. Un résultat inespéré… Je peux même répondre à ma propre question, postée sur ce blog, il y a moins de 3 semaines : « comment on se sent quand on est enceinte ? » Et ben… On se sent bizarre, contente, pas fière mais reconnaissante. Quoiqu’il arrive, nous avons touché au but de ce parcours de PMA. Il peut y avoir des complications mais c’est le cas dans d’autres grossesses aussi. Une fausse couche peut survenir mais nous saurons que c’est possible. L’angoisse reste tenace évidemment. Mais j’essaie de ne pas anticiper sur le pire.

Je dois encore rester couchée au moins toute la semaine pour que l’inflammation passe et que l’ascite disparaisse totalement (et surtout ne recommence pas à s’épancher). C’est assez compliqué et toujours un peu douloureux mais avec une nouvelle pareille, tout passe et le sourire est là.

Une semaine, ce ne sera pas de trop pour réaliser que, oui, ça a marché du premier coup. Et que peut-être, je serais enceinte pour mes 30 ans.

Grosse bises à tous ceux qui nous on tant soutenu. Et à bientôt sur ce blog pour de nouveaux épisodes… d’un autre genre que ceux des piqûres ! Je vais continuer encore un peu car tout n’est pas joué d’une part et que j’ai quelques commentaires encore à faire sur la FIV qui intéresseront peut-être celles qui s’y préparent.