lundi 29 janvier 2007

L'hyperstimulation

Vendredi déjà, je me sentais pas tellement bien en quittant le boulot : impossible de marcher vite, le ventre très lourd et grave envie de pleurer. Angoisse, me suis-je dit. Un dîner chez ma cousine plus tard et ça allait un peu mieux. Normal, 4 heures à papoter sur le canapé, je ne le savais pas encore mais c’était le bon remède. Le lendemain matin, mêmes symptômes après 10 heures de sommeil : ventre toujours plus volumineux, nausées, troubles digestifs, asthme et impossible de rester en station debout sous peine de sentir mon ventre se transformer en pierre. OK. Bon, je commence à regretter de ne pas avoir appelé le médecin hier car un samedi je n’obtiens pas grand-chose de l’infirmière de garde qui ne sait pas quoi me dire. Fin de journée, je ne me suis quasiment pas levée du canapé et ça tourne à l’hystérie… Là, JJ décide à juste titre de prendre les choses en main. Il appelle l’infirmière qui appelle le médecin qui le rappelle aussitôt. Ils se causent d’homme à homme (parce que moi, la honte, je suis cachée sous la couette) et conviennent d’un RDV à la clinique le dimanche matin. Ouf, ça va mieux. Dimanche, le verdict est formel : hyperstimulation ovarienne. Ben oui, remarquez, j’ai pile poil tous les symptômes.

L’hyperstimulation est la conséquence la plus grave de la stimulation ovarienne. (notez la transition qui tue, un poil dramatique, juste comme j’aime:)
Les ovaires, qui ont été beaucoup sollicités pour produire des ovocytes, s’emballent et grossissent. Ils fabriquent des kystes. Il peut y avoir, dans une hyperstimulation sévère, des épanchements de liquide dans l’abdomen et, plus rarement, des risques d’embolie suite à des troubles de la coagulation.
Cette complication peut survenir lors de la phase de stimulation (provoqué par les injections quotidiennes d’hormones), juste après la ponction (à cause de la dernière piqûre d’hormones HCG qui déclenche l’ovulation) ou quelques jours après la ponction suivie dun transfert. Dans ce cas, ça peut-être lié à un début de grossesse car la femme enceinte génère de nouveau une forte dose d’hormone HCG (celle qui donne envie de vomir le matin !). Dans mon cas, l’hyperstimulation est survenue quelques jours après le transfert donc, tous les espoirs sont permis. C’est toujours ça de pris dans cette galère : le moral est bon car cela ne signifie pas que notre tentative a échoué.

Le traitement est simple : il n’y en a pas. Il faut rester couché, ne pas trop boire, surveiller son poid (symptôme d’une hyperstimulation sévère) et prendre des antalgiques. Le médecin, qui n’a pas l’arrêt de travail facile, m’a prescrit une semaine de repos complet. Aujourd’hui lundi, je commence à comprendre qu’elle sera longue. Surtout vu les programmes TV du matin…

samedi 27 janvier 2007

Physiquement éprouvant ?

Quand on nous a annoncé que la FIV ICSI était pour nous le meilleur moyen d’avoir des enfants, ça ne m’est pas du tout apparu comme une solution. Ça ne m’a pas soulagé de savoir qu’il y avait une alternative médicale à la reproduction naturelle. J’ai paniqué.
Pour moi, ça ne pouvait être qu’un long et douloureux parcours couronné d’échec. Les filles qui en faisaient 3 ou 4 ne pouvaient être que des dépressives profondes, acharnée à sacrifier leur vie et leur santé. La FIV pour moi, c’était une dérive de la science moderne, un trip d’apprentis sorcier, un phénomène de mode… Et surtout, surtout, un cancer assuré dans 10 ans et la destruction garantit de mon appareil reproductif qui, après tout, était encore jeune et en relativement bonne santé. (Sans parler des doutes concernant la santé du bébé à venir cf. Le doute II)
Avec tant d’imagination et tant d’appréhension, comment me suis-je lancée dans ce parcours-là ? Je ne sais plus trop. Sûrement parce que ça paraissait tellement simple dans la bouche du médecin que je me sentais un peu lâche de ne pas tenter le coup. Après tout, je n’avais pas la preuve des effets secondaires redoutés. Les témoignages n’étaient pas rassurants : prise de poids, dépression, dérèglement hormonal, ventre enflé et douloureux, seins volumineux, fatigue, hyperstimulation, douleurs abdominales persistantes… Mais rien n’indiquait qu’ils étaient systématiques ou irrémédiables. Et je n’ai pas trouvé d’études indiquant qu’il y avait plus de cancer chez les femmes ayant suivi des FIV, ni que cela rendait plus difficile des grossesses naturelles ultérieures.
En y réfléchissant, Je sentais confusément que renoncer par peur ou par confort, ce serait difficile à assumer. D’autant plus qu’une telle décision ne pénalisait pas que moi. Elle nous forçait tous les 2 à abandonner notre projet de bébé.

Maintenant que le dénouement du premier transfert approche , j’en sais davantage sur l’investissement « physique » que représente un protocole de FIV.
La ponction des ovocytes est de loin l’acte le plus lourd. Parce qu’il se pratique sous anesthésie générale et parce qu’on le sent durant quelques jours. Mais bon. Je suis quand même allée chez le coiffeur en sortant de l’hosto (au bras de ma frangine, attention, faut pas le faire toute seule !). J’ai eu mal le soir, j’ai rien fait le lendemain et j’ai travaillé le surlendemain. L’anesthésie est très courte et l’opération très surveillée, comme il se doit. Il n’y a pas de sang. Pas de cicatrice non plus puisqu’on passe par les voies naturelles. Pas excessivement douloureux donc, quand on est bien opérée.
La stimulation n’est pas douloureuse à proprement parler. Les piqûres (sous le nombril) sont désagréables mais sans plus. Ça fait régulièrement de beaux bleus. Les prises de sang très tôt le matin réclament de ne pas veiller trop tard et de ralentir sur les sorties en semaines. Je n’ai pas senti de changement physique malgré les piqûres d’hormones. Ni d’humeur. Pas de bouffée de chaleur non plus comme j’ai pu le lire chez d’autres. Je n’ai pas eu de chance avec le kyste (cf Episode 5), car ce n’est pas fréquent.
Après le transfert (en ce moment donc) je ne sais pas si c’est l’angoisse des résultats, les suites de la ponction ou le traitement hyper dosé en progestérone (800 mg/jour d’Utrogestan) mais j’ai beaucoup plus d’effets secondaires. Fatigue pour commencer. J’ai vraiment du mal à suivre. Les maux de ventre sont quasi permanents et relativement supportables mais épuisants : j’ai l’impression qu’on y a coulé du béton. J’ai vraiment mal à la poitrine aussi. Des symptômes trop marqués pour que je puisse y voir un signe de grossesse (indécelable à ce stade de toute façon) et qui ont raison de ma volonté de penser à autre chose.
En conclusion : je me dis que cette première tentative s’est tout de même relativement bien passée sur le plan physique. Je suis contente d’avoir osé me rendre compte par moi-même que l’épreuve est supportable et que le jeu en vaut la chandelle. J’appréhendais beaucoup donc je suis plutôt rassurée. J’essaie de me consoler en me disant que si ça ne marche pas, au moins, j’aurai appris ça. Et peut-être que cela m’aidera à envisager un 2° round de PMA (comme dirait Christine :) Ce qui est vrai, c’est que c’est prenant. Pas beaucoup de place pour autre chose durant un mois et demi de traitement intensif, voire plus avec les TEC…

mercredi 24 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 10

Le transfert d'embryons et ce qui s’ensuit…

Le transfert (ou replacement), c’est encore une expérience bizarre même si la manipulation est extrêmement simple, sans anesthésie et réalisée en 1 minute à peine… C’est un peu émouvant et un peu glauque. Ça fait un peu mal mais on s’en fout. C’est le début d’une nouvelle étape, la nidation, mais aussi la dernière du protocole de FIV. On est content mais on hésite : avec 30% de réussite seulement à chaque transfert, on relativise beaucoup. On ne cherche pas vraiment à y croire.

Pourtant, j’arrive à rester relativement sereine. L’ICSI et l’infertilité m’ont appris une chose : au moment où tu te sens heureuse, profites-en pleinement. Parce que demain, selon les humeurs, les angoisses, les réflexions des uns ou des autres et les mauvaises nouvelles liées aux examens, le moral peut retomber très bas. Et rien ne l’empêchera de sombrer. Inutile d’anticiper sur les larmes.

Je me sens donc souvent heureuse depuis lundi. Car même si nos chances sont faibles, elles existent vraiment. Contrairement à toutes ces autres fois où on a essayé puis attendu seuls. Je n’ai plus de traitements ou presque (les pilules, après les piqûres ça ne compte plus !), plus de prise de sang et plus d’écho… En deux mot, notre emploi du temps est redevenu normal. Je sais que ça risque de merder mais encore une fois, ce sera bien assez dur de le savoir au moment voulu. En attendant, patience, patience, patience… 10 longs jours encore.

dimanche 21 janvier 2007

Episode 9 : ICSI réussie

Ponction, prélèvement, micro-injection (ICSI donc), fécondation, première division cellulaire… les épisodes se sont succédés lors des dernières 48H (dont une partie à l’hosto). A chaque étape l’angoisse des résultats… et à chaque fois, ouf, le soulagement de savoir que l’histoire continue. Ce matin (dimanche), le labo nous a appellé pour nous dire que la Fécondation In Vitro avec ICSI avait fonctionné sur plusieurs des ovocytes.

Il faudra du temps pour comprendre ce qui est arrivé ce w-e. Du temps aussi pour le raconter.

Aujourd’hui, impossible d'expliquer les choses précisément, de donner des chiffres et des résultats. Peut-être parce que ces deux derniers jours n’ont dépendu que de ça. Peut-être aussi parce que c’est quasiment d’embryons dont on parle maintenant. Et qu’ils sont en train d’exister, d’une manière étrange, à l’autre bout de Paris. Rien n’est joué, bien sûr, et demain, ils auront peut-être disparu. Mais là, tout de suite, ils existent vraiment. Ce n’est pas seulement des chiffres cette fois (le nombre d'embryons qui pourront être replaçés est encore inconnu), c'est déjà un début de quelque chose. Alors chut, pas un mot, et croisons les doigt pour que la magie dure. Car demain matin, ce sera la dernière étape du protocole. Décisive, cette fois encore. Après, ce qui va se passer restera invisible, imprévisible, incalculable. Fini les examens, les piqûres, le monitoring et même les médecins. On débranche les appareils, on fait silence… et on attend.

Il ne faut pas trop penser, ne pas se projeter, s’occuper.

Un soulagement tout de même : le sentiment d’avoir fait ce qu’il y avait à faire. D’avoir essayé. La suite ne nous appartient pas vraiment…

jeudi 18 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 8

injection d'ovitrelle ce soir pour ponction samedi

Ponction samedi matin mais le nombre d’ovocytes qui semblent matures n’est pas super encourageant.
En PMA, on prend toujours les chiffres en pleine gueule. A force, on devrait le savoir.
Je ne me suis pas préparée au fait qu’il pourrait ne pas y avoir d’embryon. Ni même au fait qu’il n’y aura peut-être qu’un seul transfert.

Baby blues

Plus la FIV approche, plus je sens grandir le sentiment de notre impuissance. Il y a un certain temps qu'on sait que pour faire un enfant, s’aimer beaucoup ne suffira pas. Mais quand je l’aime autant, j’ai du mal à croire qu’il ne sortira rien de nous. Et que la seule chose que je peux lui promettre, c’est d’aller au bout du traitement.

Et le traitement parlons-en. Pour nous, il ne consiste qu’à pondre. La première fois qu’on a vu que la stimulation fonctionnait, j’étais vraiment contente. Ce que je voyais à l’échographie, c’était 12 chances supplémentaires de faire un enfant. J’avais l’impression d’avoir réussi quelque chose. Je nous trouvais courageux et je me sentais forte. Maintenant, je sais que samedi, lors de la ponction, des médecins bien plus forts que nous vont tout prélever. Chez moi et puis chez lui. Et nous, on en aura fini. L’histoire va continuer ailleurs. Dans un labo, avec des techniciens (certes sympathiques et compétents Cf le briefing, mais bien loin de nous quand même). C’est vraiment entre les mains des médecins et des laborantins que tout va se jouer. Dans leurs petites boîtes, il y aura une vie où il n’y aura rien. Et nous n’y pourrons rien, une fois de plus. D’ailleurs, nous serons sûrement quelque part en salle d’attente. Pour changer.

Je sais bien qu’on ne contrôle pas plus la venue d’un enfant naturellement mais j’ai tendance à croire qu’on s’y sent pour quelque chose quand même. Ça doit être un peu magique de fabriquer un être vivant comme ça… De produire rien de moins qu’un enfant et rien qu’à 2. J’aimerais bien savoir ce que ça fait… Si on se sent plus grand. Si on se sent responsable. Ou fier. Ou si on a l’impression d’un cadeau que la vie vous fait.

Les gentils me diront que c’est notre volonté qui nous permet d’aller au bout e la FIV, que nous ne sommes pas inactifs, voire que nous avons du mérite et de la patience mais ce n’est pas pareil… et ça ne change rien à l’impression que tout se joue en dehors de nous. C’est le cas de toute façon. Samedi on va rentrer chez nous et regarder un film… Et puis voilà. Ailleurs, des gens s’activeront (j’espère) pour faire des enfants à des gens « comme nous ».

lundi 15 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 7

35 piqûres
25 jours de traitements
13 ovocytes
7 prises de sang
7 épisodes à suivre sur ce blog
4 échographies…

Lundi 15 janvier 2007 : Tout va bien à l’écho, le Puregon fonctionne bien mais j’ai un de ces coup de barre, moi… Dormir : je ne pense qu’à ça.

Prochain monitoring ce jeudi. Si les dosages hormonaux sont bons, si l’épaisseur de l’endomètre dépasse 7mm et si les ovocytes mesurent en majorité 18mm, on déclenche l’ovulation avec une injection d’Ovitrelle le soir-même, exactement 36 heures avant la ponction. Précis, n’est-ce pas ? Ce qui nous amène à une ponction samedi matin, sous anesthésie générale. Et à une Fécondation In Vitro avec ICSI dans les heures qui suivent.

Toujours pas (trop) d’effets secondaires si ce n’est une grosse fatigue, surtout le soir, après les injections.
Et aussi une furieuse envie de fumer et de boire. C’est grave docteur ?

vendredi 12 janvier 2007

Cigale et Bijou

Les mémoires de deux jeunes mariées (Balzac) version 2.0.
Ou une histoire de FIV comme on peut en lire beaucoup sur le net.

Visiblement, Cigale7 et Bijou4 ne se connaissaient pas. Elles se sont rencontrées sur un forum et se sont aperçues qu’elles suivaient un protocole d’ICSI en même temps. Leurs ponctions ont été faites à deux jours d’intervalle. Elles ont eu le même nombre d’embryons : 5 chacune. Bijou n’en a congelé aucun mais en a reçu 2 «beaux» (comprendre : à 4 cellules). Et Cigale, à qui on a transféré 2 embryons aussi, a pu en congeler 1. L’aventure est vécue au jour le jour : les deux amies s’encouragent et s’enthousiasment des premières piqûres jusqu’au replacement. Bonne nouvelle, Bijou, la première, est enceinte. Cigale est contente, résultat pour elle le lendemain. Et puis silence. Bijou insiste : «Bonjour Cigale, ça fait longtemps que j'ai pas eu de nouvelles de ta part. Comment tu vas ? Ecris-moi stp, j'arrête pas de penser à toi et à tes résultats». Finalement, Cigale répond. On s’en doute, les résultats sont négatifs. Elle part avec son mari pour quelques semaines car elle ne peut pas recommencer une stimulation tout de suite (et visiblement l’embryon congelé n’a rien donné). Le ton se veut gentil mais la déception est palpable. Fin d’une amitié. Quand on sait soi-même combien ça fait mal de rester sur le carreau quand d’autres concrétisent leur projet, on sait aussi que Cigale et Bijou ne sont pas allées plus loin. Le forum se poursuit, elles ont disparues, et de nouvelles prétendantes à la maternité les remplacent aussitôt.

La petite histoire me laisse pensive. D’abord parce qu’elle s’est écrite toute seule, presque en dépit de ses protagonistes et qu’elle tape juste… Ensuite bien sûr parce qu’elle renvoie au dénouement de mon propre traitement : Cigale ou Bijou ? Et peut-être aux amitiés qui peuvent se tisser ici. Cigale et Bijou ?

Je ne les ai pas inventé, vous pouvez les lire ici :
http://www.infobebes.com/htm/bebe/decapeptyl,d-22428.aspx

FIV ICSI : Episode 6

Jeudi 11 janvier : monitoring de la stimulation

Ovaires : bookés !
Le jeu de mot est facile, certes, mais la rédactrice est d’humeur joyeuse.

« Vous réagissez bien, les résultats sont bons » ont été les premiers mots du médecin jeudi, suite à la prise de sang du matin. Voilà. En deux secondes, la vie était belle et la FIV facile. On allait avoir des bébés demain et j’étais trop con de m'angoisser.
Passage obligé à l'échographie mais cette fois le Dr. me tend un
carnet et un stylo. Il a tracé 2 colonnes : ovaire gauche / ovaire droit. Je dois prendre des notes. Trop contente de participer, nous visualisons ensemble le résultat de la stimulation. Il mesure chaque follicule et je le recense : taille, localisation, comptage, recomptage, tout y est. «Ni trop, ni trop peu». Le résultat est correct et laisse entrevoir une ponction la semaine prochaine. En attendant, le dosage est bon, on continue le Decapeptyl et le Puregon comme avant. Prochain rendez-vous lundi. Au revoir et merci.

Dehors, je regarde enfin Jij qui me regarde, résolument heureux ! D'ici là, on va penser à autre chose, faire autre chose et d'abord, profiter de la journée qui s'annonce belle. D’ailleurs c'est bon d’être là tous les 2… et de partager 5 minutes de répit.

jeudi 11 janvier 2007

Briefing collectif

Mercredi 10 janvier 2007

Le laboratoire qui nous suit (dosages hormonaux, spermogrammes, traitements des ovocytes, fécondations in vitro, congélation de nos embryons et encore pleins d’autres petites choses très personnelles) organisait avant hier une réunion pour tous les couples en protocole de FIV.
Objectif de la conférence (ça tenait plutôt du cours d’amphi que de la réunion) : faire le tour des différentes techniques de PMA pour nous permettre de faire un choix si notre protocole venait à changer.
Exemple : dans certains cas (impossible à prévoir), on préfère réaliser un « hatching » pour faciliter l’éclosion des embryons. Il s’agit alors de déposer sur la membrane de l’ovocyte (J2 après la fécondation), une goutte d’acide pour la fragiliser. Cette membrane, appelée zone pellucide, se rompt ainsi plus facilement dans l’uterus, libérant le précieux fœtus dans son milieu naturel. C’est ce qu’on peut appeler joliment une « aide à l’éclosion embryonnaire ». Bien entendu, l’acide ou l’aiguille n’entrent jamais en contact avec le fœtus. Et la manipulation n’est pratiquée qu’en cas de réelle nécessité.
Autre exemple : dans les cas de FIV classique, certains couples peuvent être amené, le jour J, à réaliser une ICSI si le sperme vient à manquer (ben oui après tout, c’est du direct live la fécondation in vitro alors, si tout à coup monsieur panique, on fait quoi ?). Avec l’ICSI, un seul spermatozoïde vivant suffit à la fécondation.
Enfin, l’IMSI est la dernière méthode en date. Mais on en parle encore très peu dans les réunions d’information. Pourtant, il y avait au moins un couple concerné dans la salle. Je ne sais pas moi-même en quoi ça consiste.
Autre intérêt de la réunion : nous présenter les biologistes qui nous fabriquent à tous (une bonne cinquantaine de personnes présentes ce soir-là) des embryons. Et ça, ça valait le détour. La phase clinique est gérée par des médecins avec lesquels nous sommes en contact quasi-quotidien. En revanche, la phase biologique est totalement désincarnée. Alors voir concrètement avec qui et avec quoi (photo des postes de travail à l’appui) on fabrique nos bébés, c’est forcément un peu intéressant.
Enfin, contrairement à la plupart des médecins, les intervenantes du labo ont su faire preuve de pédagogie et de pragmatisme. Après nous avoir expliqué la congélation des embryons (2 heures pour les faire descendre à – 196 C°) et leur conservation (dans l’azote liquide jusqu’à 5 ans), elles nous ont aussi demandé de donner de nos nouvelles en cas de réussite. « Nous, après, on a vos embryons et on en est responsable. Et vous, vous disparaissez dans la nature dès que vous avez 1 enfant. Alors mince, tout de même, tenez-nous au courant de vos changements d’adresse pour qu’on sache quoi en faire ! » nous a dit très simplement l’une d’elle. La loi les autorise à les détruire mais ça leur pose quand même un problème. Rires dans la salle. Bravo mesdames, quelques minutes avant, plus d’un visage s’était fermé à l’évocation sans complaisance des taux de réussite. De même, leurs encouragements à persévérer après un échec n’avaient rien d’une publicité mensongère. Les mots étaient clairs et les exemples sincères. Vous me direz que j’en rajoute, trop encline en ce moment à trouver le propos rassurant. Mais non, je parle en connaissance de cause : depuis 4 mois, on a beaucoup pratiqué le labo à travers divers examens et je sais à quel point son personnel est disponible. Tous les jours et même le dimanche, des gens gentils répondent à toutes les demandes saugrenues : « et mon embryon, il a grossi ? », « et mes spermatozoïdes ils sont forts ? », « ce sera une fille ou un garçon ? », « vous voulez pas aller jeter un coup d’œil sur mes rejetons ? ». Je ne sais pas madame. Oui, ils sont parfaits. N’insistez pas. Je ne peux pas ouvrir les cuves de conservation 3 fois par jour, ça détruirait vos embryons justement, etc… Autant de réponses bien pesées, données à des patient(e)s dont ils semblent comprendre le désarroi.

Alors, bon, moi je dis juste merci.

La salle d'attente

Mardi 9 janvier 2007

- Bonjour, j’ai rendez-vous à 15h30 avec…
- Service maternité, niveau -2
- Maternité ? ah oui… C’est vrai. J’avais oublié.
Amusant phénomène de mémoire. A chaque fois que je me pointe à l’hosto je cherche le service PMA. Service qui n’est autre que le service “Maternité”. Forcément. Mais je m’applique tellement à oublier pour un temps la maternité, que je n’y pense jamais.
En salle d’attente, je m’assois entre 2 ventres ronds. Plus loin, il y a des jeunes parents qui regardent dans un landau. Malaise. Le traitement est tellement prenant que j’en oublie ma quête. De maternité donc. Insensible au contenu, je ne perçois à côté de moi que 2 gros corps fatigués. Des familles trop convenues. Des maxi-cosy ridiculement tous pareils. Qu’est-ce que je fais là ? Mais si rappelle-toi. Tu veux un enfant. Un qui lui ressemble et même que si c’est un garçon, on pourrait l’appeler… Merde, je vais pleurer. Laisse tomber. Oublie. Ça reviendra tout seul et en temps voulu. On m’appelle, c’est mon tour. Ouf.

samedi 6 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 5

Vendredi 5 janvier - (Presque) Début de la stimulation.

C’est bien en vue d’une ponction que j’ai enfilé hier la tenue réglementaire pour pénétrer enfin dans les salles d’interventions du service gynécologie de la clinique. Sauf qu’il ne s’agissait pas de ponctionner les ovocytes (moment tant attendu de la FIV).
Comme 10% des patientes traitées au Decapeptyl, des kystes sont venus perturber la phase de blocage.
Une nouvelle prise de sang et une échographie vendredi matin ont révélé un taux d’oestradiol trop élevé et un kyste rebelle. Le médecin m’a laissé le choix : arrêter le protocole et attendre que ça passe ou l’enlever à la clinique et continuer. Comme j’ai renoncé à la médecine douce dès le premier jour, j’ai choisi l’option 2. Non sans appréhension mais c’était mieux que de se retrouver les mains vides et le bide en vrac à attendre encore.
Aussitôt dit, aussitôt fait, quelques heures plus tard, au sous-sol de la clinique, un infirmier boute-en-train me demandait de tout enlever. Tout et même les bijoux. (Ok mon petit, mais le piercing est coinçé, vous voulez bien regarder ?) Ensuite il m’a donné une charlotte moche, des chaussons qui ressemblaient à la charlotte (mais plus grands) et un peignoir jetable. Trop sexe. Et encore après, il est revenu avec une espèce de grande bande de papier pour que je m’enroule dedans et qu’on voit pas mes fesses en circulant dans les couloirs. Trop glamour. J’avais presque envie de rigoler. Surtout quand j’ai vu entrer mon médecin (le jeune fringuant en Paul Smith de la dernière fois, souvenez-vous) avec… une charlotte sur la tête et des chaussons en papier ! Là, tout de suite je l’ai trouvé plus sympa. D’ailleurs, c’était pas qu’une impression, il ETAIT plus sympa. Comme quoi, quand on passe aux choses sérieuses, la relation change.
Quand j’ai vu la taille de l’aiguille qu’il allait utiliser sans anesthésie pour ponctionner le liquide à l’intérieur du kyste, j’ai moins rigolé. Mais en fait non, ça n’a pas été si terrible. Franchement pas agréable on s’en doute, mais l’infirmière et le médecin ont assuré.
Passé la porte, il ne restait plus rien. Sauf les pansements et quelques tiraillements. Retour à la vie réelle. Encore un peu zombie dans l’espace-temps des mieux-portants, mais soulagée. En route pour le boulot, je me disais que j’allais enfin commencer la stimulation, passer à 2 injections quotidiennes et tourner une nouvelle page.

Aujourd'hui, la première piqûre est faîte. Jusqu’aux examens de jeudi, rien ne devrait perturber à nouveau le traitement. Sauf les angoisses qui elles, ne disparaissent pas d’un grand coup de seringue. Dommage. Mais heureusement, l’Habitude commence à venir en aide. Et son contraire aussi : l’Aventure.

jeudi 4 janvier 2007

La FIV active

Y’a pas que les enfants dans la vie. Ben non, y’a le boulot aussi.
Mais on en parle moins sur les blogs de la PMA. Peut-être parce que dans les 10 commandements implicites de la vie en entreprise, entre «tu ne coucheras pas avec tes collègues» et «le patron a toujours raison », il y a un truc du genre «jamais tu n’avoueras que tu veux des enfants» ou « toujours tu sépareras ta vie de famille de ta vie professionnelle».
Heureusement, ce sont des principes que je n’ai jamais vraiment suivi.
La preuve, j’ai épousé un « collègue » de bureau. Et depuis que je travaille, je n’ai pas seulement construit dans diverses entreprises une vie professionnelle heureuse, je m'y suis fait aussi beaucoup d'amis, un mari et quelques ex. Parce que j’aime bien ce que je fais, j’ai toujours été encline à tout mélanger.
Je dis « heureusement » parce que s’il y a une chose que je n’aurais quand même pas imaginé faire au boulot c’est bien un enfant. Quand on a parlé d’infertilité et de PMA… Là, j’ai compris que j’allais encore devoir enfreindre le code du salarié-qui-a-une-vie-privée-merde-à-la-fin. Tenter une fécondation in vitro et toute la préparation que ça induit sans en parler, c’était juste inenvisageable. Impossible de partir tous les soirs à 18h30 en catimini. Impossible de prendre 2h30 de pause pour une écho, en plein rush, sans se justifier. Et ça, plusieurs semaines de suite.
C’est comme ça que je me suis retrouvée un soir à raconter à mon boss que je voulais un enfant. Et que ça allait être long et compliqué. J’ai beau savoir qu’il est ouvert d’esprit et plutôt content de m’avoir embauché, et ben j’en menais pas large. J’étais déprimée par le fait de ne pas être enceinte et en plus, je devais annoncer officiellement mon intention de pouponner. Avouez qu’il y a mieux à dire pour se faire valoir au sein d’une entreprise. Mais voilà, je n’avais pas vraiment le choix. C’était le seul moyen de continuer à mener ma vie professionnelle ET privée. Ma vie normale en fait.
Maintenant, je stresse moins à l’idée de sortir mes aiguilles tous les soirs dans le seul bureau fermé de l’agence (fermé mais vitré!). Pourtant au début, ce n’était pas vraiment évident de faire ça un peu devant tout le monde. De se résigner à ce que quelqu’un puisse me surprendre. Et d’expliquer au besoin.
Ça reste relativement simple parce que je travaille dans un environnement privilégié et dans une boîte qui respecte somme toute les impératifs de chacun. C’est facile parce que j’apprécie la grande majorité des personnes qui m’entourent. Et que j’ai plutôt confiance en elles. Mais c’est gênant parce que ce n’est pas un sujet qu’on aborde habituellement dans le cadre de l’entreprise. Et je suis certaine qu’il y a des environnements moins propices, des managers moins compréhensifs, des fonctions plus exigeantes, des femmes plus réservées ou plus seules dans leur boulot.

Le regard des autres, surtout dans un cadre professionnel, a toujours beaucoup compté pour moi. Faire bien, être meilleure, réussir, relever le défi, progresser, y arriver… sont sûrement des termes que vous jugerez « carriéristes » ou juste stupides mais ils expriment ma manière d’être dans le travail. L’envie de faire mieux et d’être là où ça se passe me motive. Avec la FIV j’ai l’impression que je ne peux être que moins bien, moins présente, moins efficace… Pour l’instant ça va. Mais après ? C'est difficile d'accepter cette baisse inévitable de dynamisme et d'enthousiasme pendant le traitement. Et c'est difficile de savoir que les gens avec qui vous bossez vont peut-être s'en apercevoir ou faire un lien entre votre FIV et vos résultats professionnels.

Les mères me diront qu’avec un enfant ce sera pire. Oui, mais ce sera avec un enfant. Et comme elles disent aussi que « c’est la plus belle chose au monde» et ben allons-y. Mais si j’ai deux enfants, comme ça peut arriver avec la FIV, est-ce que je vais continuer à travailler ?

Les traitements de PMA ne sont pas simples à gérer en travaillant. Pourtant, ce sont souvent des femmes actives qui les suivent. Je me demande souvent comment elles font…elles.

lundi 1 janvier 2007

FIV ICSI : Episode 4

Samedi 30 décembre - premier dosage et première écho avant stimulation

On m’avait dit : ça prend du temps. Et de l’énergie. Bon.
Ce samedi donc, le réveil a sonné à 6h20. Pas de problème : je saute du lit (presque) de bonne humeur. Ma détermination est à toute épreuve : je dors bien, j’abuse pas, je me couche tôt, je suis prête à passer à la phase 2 du traitement. A 7h, nous voilà partis pour le labo. Jij’ m’accompagne dans le petit matin de décembre (il dort bien, n’abuse pas, se couche tôt et il est fin prêt à passer à l’étape 2 du traitement). Coup de chance, il ne fait pas froid, il n’y a pas un chat et c’est très joli les décos de noël si tôt le matin.
Arrivés au labo, la dame est gentille mais nous demande d’attendre. Une vieille râle qu’elle est à jeun et qu’elle va tourner de l’œil. Ok, nous lui cédons notre tour. Souriants.
A 8h15 nous revoilà dehors, pas plus avancés. Comme l’échographie est un peu loin de la maison, nous décidons de rester dans le coin. Et comme il pleut des cordes, nous squattons le premier bistrot venu pour prendre un vrai petit dèj. A cette heure-ci, un samedi de vacances, il n’y a pas grand monde. Mais le café est chaud, et même que le jour s’est levé.
3 heures et plusieurs bistrots plus tard, nous voilà enfin devant l’immeuble de notre médecin. Celui-ci est en vacances mais son remplaçant est censé nous recevoir. Pourtant, personne ne répond à l’interphone. Bon. La concierge nous a fait entrer dans le hall qui est chauffé, c’est déjà ça. Une autre patiente est là. Patiente, elle aussi. Et elle nous le confirme « ils ne sont jamais à l’heure ». Oui, en effet, on avait cru remarquer. Déjà la dernière fois, on avait attendu 1 heure. Sauf que c’était le soir : on pouvait comprendre.
A 11h30, nous attendons toujours dans le hall de l’immeuble quand arrive le remplaçant : jeune, fringuant, habillé en Paul Smith, casque de scooter à la main. «Désolé», nous dit-il. L’autre dame lui fait remarquer que, en scooter, il n’a pas l’excuse des embouteillages. «ça glisse» nous répond-il. Silence. Restons zen, me dis-je, ce sera bientôt fini et on ira profiter du week-end.
Nous le suivons donc à l’intérieur (enfin !) du cabinet. Et là, nous passons… en salle d’attente. Finalement, à 11h45, nous voilà face à face. «Vous avez des kystes et les ovaires ne sont pas bloqués » nous assène-t-il en guise de bonjour. Silence. «C’est pas grave, on va regarder ça» ajoute-il.
Je vous passe les images sans grand intérêt du kyste ovarien et les commentaires du genre : « ah, vous voyez, je vous l’avais dit ! » et me revoilà face à lui, à côté de Jij’ qui tente de poser trois questions et surtout, d’obtenir quelques réponses.
A ce moment-là, j’ai bien vu qu’il pleuvait dehors, que j’étais fatiguée, qu’on avait pas fait les courses pour le réveillon et que j’avais un boulot à finir ce week-end. «C’est pas grave», a-t-il continué… «Ça arrive, vous changez rien, vous continuez les injections de Décapeptyl et on recommence les dosages et l’écho jeudi».
J’ai sorti notre chéquier et puis on est parti. Normal quoi.
Je sentais une vague grande colère monter mais contre qui et contre quoi ? Pas contre le réveil qui avait sonné trop tôt… c’est pas vraiment une raison. Pas contre le médecin qui était arrivé en retard… après tout, ce n’est même pas le mien. Pas contre la pluie qui avait enfin trouvé le chemin de mes chaussettes… car le temps, on y peut rien. Pas contre Jij’ qui me soutenait… et qui me supportait sans rien dire. Pas contre moi non plus, qui ne réagissait pas assez bien au traitement… car c’est comme ça, c’est les aléas. Pas contre ceux qui font un bébé sans y penser… Après tout, c’est pas de leur faute à eux. J’aurais bien aimé tout casser mais j’ai pas trouvé quoi ni pourquoi. On est rentré et puis on s’est couché. J’avais déjà trop gueulé sans rien avoir à dire.
Le lendemain, c’était oublié. Les copains sont venus dîner et l’année a bien commencé.
C’est comme ça, des fois, la PMA.

Et en attendant, je vous souhaite une très bonne année.

PS : Pendant les 3 heures à attendre, j'ai lu le dossier de courrier international sur "l'essor du baby business". C'est vraiment édifiant. Ca paraît proche de la science fiction mais les questions soulevées ouvrent enfin le débat. Pour plus d'info, voir la note de Christine à ce sujet sur son blog