jeudi 30 novembre 2006

Enfant de l’amour ?

Un enfant conçu dans le feu de l’action, on dit que c’est un enfant de l’amour. Un enfant que des parents mettent des années à concevoir «médicalement» parce qu’ils n’envisagent pas de le faire autrement qu’ensemble, on appelle ça un bébé éprouvette.
Pourtant une FIV, ça ne manque ni d’amour, ni d’action. Entre les essais tous les 2 et les essais tous ensemble (avec les 6 médecins et les 12 infirmières donc), ce n’est vraiment pas la passion qui manque (même si certains se passionnent plutôt pour la science, et d’autres plutôt pour faire des enfants).
Quand enfant il y aura, je peux vous assurer que ce sera vraiment un enfant de l’amour.

mardi 28 novembre 2006

Zouthérapie

Il fallait être vraiment désespéré pour partir à la recherche d’un chat dans tout Paris et faire amie-amie avec les dévotes de la SPA. Il fallait l’être encore plus pour choisir la première chatte venue sans s’apercevoir qu’en fait c’était un chat. Heureusement, son nom est un peu bête, certes, mais il est mixte : Zou. Et contre toute attente, la zoothérapie… ça marche ! Ou plutôt, la Zouthérapie. Car Zou ronronne quand on arrive, roucoule (oui, roucoule) toute la journée, m’occupe toute la soirée, se casse la gueule et nous fait marrer, dérange les coussins et vide les sacs, bref assure une présence le soir quand on (lui ou moi) rentre tout seul. Car depuis quelque temps, on a moins envie de sortir. J’angoisse à l’idée des échecs à venir, inévitablement. J’ai peur de me retrouver seule à la maison après la FIV. Je suis consciente que tout ça peut prendre des mois voire des années. J’ai besoin de penser à autre chose. De m’occuper d’autre chose. Et nettoyer une litière 2 fois par jour, c’est con, mais ça occupe. Caresser des heures un chat qui ronronne, c’est con mais ça rassure. Nourrir la boule de poil, c’est con, mais bon :-)

vendredi 24 novembre 2006

Schizophrénie

Quand vous dites aux gens que vos chances de faire un enfant sont celles d'un joueur de loto un soir de super cagnotte, ils vous répondent toujours qu’avec les bébés, ma brav’dame, on peux pas savoir. La preuve : leur copine machin a eu un enfant alors qu’elle pouvait pas et leur oncle bidule qui était stérile en a fait 2 et l’amie de cette amie au moment d’adopter…
Le problème, c’est qu’on ne sait plus qui croire : les médecins ou la charcutière ? Le gynéco ou votre mère ? c’est la médecine de laboratoire versus la sagesse populaire. Et vous, tout seul entre les 2. Et vous, vous devez vous décider : j’attends que la nature bouge son cul où je fais confiance aux toubibs ?

Bon, heureusement ou malheureusement, nos résultats sont tellement mauvais que finalement, on a décidé de pas écouter la fromagère. Et même que pour la peine, et ben, on va changer de crémerie. Elle avait qu’à la fermer. À la longue, c’est lourd.

FIV ICSI : Episode 1

Après 4 mois de test, le verdict est tombé : « une grossesse spontanée n’est pas impossible mais franchement ne comptez pas dessus. » Nous on est un couple infertile. Il existe aussi des couples stériles. Et pour eux le verdict est plus dur c’est juste : « ne comptez pas dessus. »

Personnellement, ma première réaction a été : je ne ferais jamais un bébé éprouvette. Jamais on ne fera de mon corps une machine à ovuler. Moi, je crois en l’adoption.

Et puis après, de question en question soulevée sur l’adoption, j’ai vu qu’il n’y avait pas de réponse.

Et puis après, j’ai vu que pour adopter, c’était bien d’être passé par la PMA. Forcément, ça prouve que vous voulez vraiment un enfant.

Et puis surtout, en face de moi, il y a quelqu’un qui veut vraiment un enfant de nous 2, même s’il ne m’a jamais demandé de faire ce que je ne voulais pas faire.

Et puis c’est vrai qu’un enfant qui lui ressemble… Ce serait un vrai grand bonheur. Un bonheur dans lequel je ne veux pas trop me projeter mais que les médecins peuvent peut-être nous donner. Alors, courage, pourquoi passer à côté ?

Et puis de toute façon, les choses s’enchaînent presque sans qu’on ait besoin d’y penser : 18 mois d’essais sous la couette. On va voir un médecin… qui nous envoie à un autre médecin… qui nous envoie à un autre médecin… qui nous inscrit en PMA.

Et voilà. Tout commence ici : Jeudi 30 novembre, nous avons RDV avec le médecin de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour décider d’entamer un protocole de FIV ICSI (Fécondation In Vitro avec Micro-Injection).

Psychologiquement, c’est tout de même long et difficile d’en arriver là. Il faut abandonner en chemin pas mal de chose… Il faut oublier à peu près tout ce que vous aviez imaginé depuis le : « Pour faire les bébés, le papa aime la maman très fort » ou les innombrables « …ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » qui avaient enchanté votre imaginaire de petite fille.

Préambule…

Courage, parlons-en…
C’est difficile de parler de la PMA avec ses proches :

1) On ne parle pas le même langage. La PMA pour nous, c’est une Procréation Médicalement Assistée. Pour eux, c’est… 3 lettres.

2) Il faut dire des choses qu’on a pas envie de dire, même à des gens qu’on connaît bien. Car la question qui vient après : « les médecins nous ont dit qu’on ne pourrait pas avoir d’enfant », c’est généralement : « pourquoi ? ». Et là, ça dérape… Il faut bien appeler un chat un chat et un uterus … un uterus. Et c’est difficile d’expliquer concrètement pourquoi ça ne marche pas. C’est assez intime surtout. Et puis tout à coup, on a l’impression d’être malade. Et c’est vrai dans un sens, que nos corps fonctionnent mal. Du coup, on en revient au point 1 : pour se protéger, on adopte un autre langage. Et ça donne : « mon mec à une OATS sévère mais ma courbe est bonne, on est candidat pour une FIV ISCI ». Vous suivez ?
Cela dit, il y a beaucoup de couples qui comprennent ce langage-là.

3) C’est difficile d’en parler sans pleurer. D’en parler en adulte raisonnable et censé. D’en parler « tout simplement ». Il y a des choses plus graves dans la vie mais faire un enfant, c’est un repère. Un repère qu’on avait depuis longtemps. Le perdre, c’est vraiment perdre l’équilibre. Mental, j’entends. Parce que bon, on était prêts. Vraiment prêts. On avait enfin compris le sens du mot famille, responsabilités, avenir, enfant, organisation… Et puis maintenant, moi, je suis devenue folle. Impossible de rationaliser : tout va bien mais si j’en parle, je pleure. Tout va bien mais quand je croise une femme enceinte, je pleure. Tout va bien mais quand on évoque toujours les enfants des autres, je pleure. Tout va bien mais j’ai vraiment envie de voir personne. Je ne sais même plus si je veux un enfant. Je ne sais plus trop ce que je voulais dans la vie, ni ce que je veux maintenant. Et une frustrée rancunière a remplacé la future maman sûre d’elle.

Heureusement, la science a fait des progrès. Elle peut beaucoup nous dit-on, même si 40% des couples ne verront pas naître un enfant à l’issue d’un parcours de PMA.
Nos chances de réussite sont grandes, nous dit-on, parce que nous sommes jeunes et en pleine santé (ou presque). Et c’est vrai que nous avons de la chance aussi dans cette histoire. Elle pourrait être plus compliquée encore.

Le but de ce blog, c’est de dépasser la rancœur pour communiquer avec amis et famille. Avec ceux qui ont envie de savoir où on en est. De comprendre l’avancée des choses maintenant que nous entamons des démarches concrètes. Et je sais qu’ils sont un certain nombre même si j’ai tendance à l’oublier. Je le fais un peu pour ne pas couper les ponts avec des gens que j’aime mais avec qui je n’arrive plus à parler. Je le fais pour moi aussi bien sûr, parce que ça me donne du courage. Je le fais enfin parce que certains blogs m’ont vraiment fait du bien. Celui de Christine Choquel notamment (l'autre façon de faire les bébés) : il est très bien écrit et surtout très positif. C’est une mine d’or pour comprendre ce qui nous attend et se remonter le moral.