vendredi 24 novembre 2006

Préambule…

Courage, parlons-en…
C’est difficile de parler de la PMA avec ses proches :

1) On ne parle pas le même langage. La PMA pour nous, c’est une Procréation Médicalement Assistée. Pour eux, c’est… 3 lettres.

2) Il faut dire des choses qu’on a pas envie de dire, même à des gens qu’on connaît bien. Car la question qui vient après : « les médecins nous ont dit qu’on ne pourrait pas avoir d’enfant », c’est généralement : « pourquoi ? ». Et là, ça dérape… Il faut bien appeler un chat un chat et un uterus … un uterus. Et c’est difficile d’expliquer concrètement pourquoi ça ne marche pas. C’est assez intime surtout. Et puis tout à coup, on a l’impression d’être malade. Et c’est vrai dans un sens, que nos corps fonctionnent mal. Du coup, on en revient au point 1 : pour se protéger, on adopte un autre langage. Et ça donne : « mon mec à une OATS sévère mais ma courbe est bonne, on est candidat pour une FIV ISCI ». Vous suivez ?
Cela dit, il y a beaucoup de couples qui comprennent ce langage-là.

3) C’est difficile d’en parler sans pleurer. D’en parler en adulte raisonnable et censé. D’en parler « tout simplement ». Il y a des choses plus graves dans la vie mais faire un enfant, c’est un repère. Un repère qu’on avait depuis longtemps. Le perdre, c’est vraiment perdre l’équilibre. Mental, j’entends. Parce que bon, on était prêts. Vraiment prêts. On avait enfin compris le sens du mot famille, responsabilités, avenir, enfant, organisation… Et puis maintenant, moi, je suis devenue folle. Impossible de rationaliser : tout va bien mais si j’en parle, je pleure. Tout va bien mais quand je croise une femme enceinte, je pleure. Tout va bien mais quand on évoque toujours les enfants des autres, je pleure. Tout va bien mais j’ai vraiment envie de voir personne. Je ne sais même plus si je veux un enfant. Je ne sais plus trop ce que je voulais dans la vie, ni ce que je veux maintenant. Et une frustrée rancunière a remplacé la future maman sûre d’elle.

Heureusement, la science a fait des progrès. Elle peut beaucoup nous dit-on, même si 40% des couples ne verront pas naître un enfant à l’issue d’un parcours de PMA.
Nos chances de réussite sont grandes, nous dit-on, parce que nous sommes jeunes et en pleine santé (ou presque). Et c’est vrai que nous avons de la chance aussi dans cette histoire. Elle pourrait être plus compliquée encore.

Le but de ce blog, c’est de dépasser la rancœur pour communiquer avec amis et famille. Avec ceux qui ont envie de savoir où on en est. De comprendre l’avancée des choses maintenant que nous entamons des démarches concrètes. Et je sais qu’ils sont un certain nombre même si j’ai tendance à l’oublier. Je le fais un peu pour ne pas couper les ponts avec des gens que j’aime mais avec qui je n’arrive plus à parler. Je le fais pour moi aussi bien sûr, parce que ça me donne du courage. Je le fais enfin parce que certains blogs m’ont vraiment fait du bien. Celui de Christine Choquel notamment (l'autre façon de faire les bébés) : il est très bien écrit et surtout très positif. C’est une mine d’or pour comprendre ce qui nous attend et se remonter le moral.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

eh bien quelle entrée en matière. Lire ton blog m'a aussi fait beaucoup de bien. Je ne suis pas dans la même situation mais me reconnais assez dans ce que tu décris dans cette note...Bonne chance pour cette aventure, tu arrives à la raconter avec optimisme et humour, et crois moi il y en a d'autres que cela aide.

Mr et Mme Poulets a dit…

Bonsoir,

Je découvre votre blog.. Je n'ai encore lu que ce message mais déjà j'ai l'impression que vous parlez "comme moi". Je suis, comme vous l'aurez compris, également candidate FIV! Et même ICSI Madâââme, quelle chance hein..

Je me lance avec intérêt dans la suite de votre récit.

Anonyme a dit…

La 1ère reflexion que je me suis faite juste après la lecture de ce préambule, c'est que j'aurai très bien pu l'écrire moi même !!!!
J'ai hâte de lire la suite !!